1885 |
24 juin 1885
Alfred de Falloux à Albert de Rességuier
Paris, 24 juin 1885*
Cher ami,
j’ai acheté hier deux Univers, un pour Mme de Castellane, un pour Berthe1 et pour vous, car quelque brillant que soit votre casino, je crains bien que L’Univers ne s’y trouve pas. Je reçois votre lettre, ce matin et j’y adhère beaucoup plus sincèrement que le cardinal Pitra2 ou de M. des Houx3 à la lettre de Léon XIII4. Puisque vous vous en rapportez à ma conscience politique pour l’envoi du volume à Rome, je n’enverrai rien, non à cause du volume en lui-même, mais à cause de l’épître qu’il faudrait y joindre. Je ne peux pas louer, je ne veux pas blâmer, je n’ai donc qu’à me taire en me préparant à la séparation de l’Église et de l’État que toutes ces niaiseries rendent de plus en plus inévitable. Ce ne sera peut-être pas la ruine du catholicisme, mais ce sera la ruine des catholiques, et quand il s’agira de payer des fautes que je n’aurai pas commises, soyez sûrs qu’on pourra me prendre pour un veuillotin de vieille race.
Nous avons une chaleur terrible et malheureusement Dieppe5 est juste à l’opposé de Bagnoles6. Je partirai donc par le plus court qui ne sera pas le plus frais, mais qui sera du moins le chaud le plus court possible.
À Bagnoles donc, cher ami, n’oubliez pas que ce pays inconnu est situé dans le département de l’Orne et apprenez-moi là bien vite que les bains vous réussissent autant que je le souhaite.
À vous de tout cœur.
Alfred
*Lettre publiée par Gérald Gobbi, Alfred de Falloux et Albert de Rességuier,une amitié dans le siècle. Correspondance 1879-1886, Paris, Société des Écrivains, 2013.
1Berthe Benoist d'Azy (1850-1899) née de Rességuier, fille d'Albert de R.
2Pitra, Jean-Baptiste (1812-1889), bénédictin, historien de l’Église et patrologue. Sacré évêque de Frascati le 1er juin 1879, il avait été transféré au siège de Porto et Sainte-Rufine en mars 1884 en tant que sous-doyen au Sacré Collège.
3Durand-Morimbau, Henri dit Henri Des Houx (1848-1911), journaliste. Agrégé de lettres, puis professeur de rhétorique, il passe au journalisme en 1876. Après la publication de quelques travaux littéraires dans le Correspondant, il se voit confié le poste de rédacteur en chef de La Défense, le journal de Mgr Dupanloup. Suite au décès de l'évêque d'Orléans, il fonde La Civilisation, un journal légitimiste qui fusionnera avec Le Clairon. Peu de temps après, le comte Jules de Boursetty lui offre la direction du Journal de Rome afin de contrer les idées jugées trop modérées du Moniteur de Rome. Victime de l'épuration de la presse intransigeante en 1885, il rédigea des Souvenirs d'un journaliste français à Rome.
4Voir lettre du 22 juin 1885 du même au même.
5Ville où séjournent alors A. de Rességuier et sa fille Bertthe.
6Bagnoles-de-l’Orne (Orne). Ville de cure thermale où Falloux était allé se soigner.
1Berthe Benoist d'Azy (1850-1899) née de Rességuier, fille d'Albert de R.
2Pitra, Jean-Baptiste (1812-1889), bénédictin, historien de l’Église et patrologue. Sacré évêque de Frascati le 1er juin 1879, il avait été transféré au siège de Porto et Sainte-Rufine en mars 1884 en tant que sous-doyen au Sacré Collège.
3Durand-Morimbau, Henri dit Henri Des Houx (1848-1911), journaliste. Agrégé de lettres, puis professeur de rhétorique, il passe au journalisme en 1876. Après la publication de quelques travaux littéraires dans le Correspondant, il se voit confié le poste de rédacteur en chef de La Défense, le journal de Mgr Dupanloup. Suite au décès de l'évêque d'Orléans, il fonde La Civilisation, un journal légitimiste qui fusionnera avec Le Clairon. Peu de temps après, le comte Jules de Boursetty lui offre la direction du Journal de Rome afin de contrer les idées jugées trop modérées du Moniteur de Rome. Victime de l'épuration de la presse intransigeante en 1885, il rédigea des Souvenirs d'un journaliste français à Rome.
4Voir lettre du 22 juin 1885 du même au même.
5Ville où séjournent alors A. de Rességuier et sa fille Bertthe.
6Bagnoles-de-l’Orne (Orne). Ville de cure thermale où Falloux était allé se soigner.
