CECI n'est pas EXECUTE 10 juillet 1885

1885 |

10 juillet 1885

Alfred de Falloux à Albert de Rességuier

Vers le 10 juillet 1885*

Les élections deviennent de plus en plus probables pour le mois de septembre. Cependant, elles ne sont pas officiellement fixées et je demeure encore dans l’incertitude. Je vous réponds néanmoins sans attendre davantage parce que je vois que vous vous disposez à quitter Dieppe, quoique médiocrement content de son résultat et pour vous féliciter sur votre visite au château d’Eu1. Je n’ai pas une affection héréditaire pour M. le Cte de Paris, mais j’en ai néanmoins une très sincère, fondée sur un charme naturel et sur une très sérieuse estime. Je suis charmé que vous ayez été aussi content de lui. Je le défends peu, moitié pour ne pas le faire attaquer davantage, moitié parce que je ne trouve pas toujours qu’il donne l’orientation suffisante à ses anciens et à ses nouveaux amis, mais critiquer sans rien proposer à la place de ce qu’on critique, faute de lumières et faute de compétences c’est tout bonnement grogner et le rôle de grognon est trop stérile pour me plaire. Je n’ai pas eu l’habitude de vaincre, comme disait trop présomptueusement notre ami Changarnier, mais j’ai eu l’habitude d’y prétendre et je ne suis pas assez dilettante du pistolet pour aimer à tirer en l’air. Je n’aime pas non plus, cher ami, à remplir le rôle de juge sans me dire que je juge consciencieusement. M. Moisant est venu me faire une visite ici, comme homme d’affaires des F2 et pour répondre aux conclusions de M3. Nous n’avons pu nous entendre d’une façon qui me satisfît complètement et il est reparti avec mes objections pour les reporter dans le midi4.

Je dois me récrire de là et de <nom illisible> je le crains, nous n’arrivons pas à une entente à l’amiable, et qu’il me faille me prononcer en véritable arbitre, j’aurai besoin de plus de lumières que j’en ai naturellement par acquis. Dans ce cas, le plus probable, et dans le cas de ma liberté électorale, au mois d’août, je songerai à Paris afin de consulter un notaire, avant de revenir sur les côtes de Normandie. Vous m’avez promis de m’introduire près de votre notaire, mais pouvez-vous me dire approximativement ce que je lui devrai pour l’emploi ou la perte de son temps. Si vous pouvez le savoir de Dieppe ou en traversant Paris, vous me rendrez un grand service – mille tendresses.

Alfred.

 

J’ajourne jusqu’à la date certaine des élections toute conjecture sur les projets au-delà de Paris.

 

*Lettre publiée par Gérald Gobbi, Alfred de Falloux et Albert de Rességuier,une amitié dans le siècle. Correspondance 1879-1886, Paris, Société des Écrivains, 2013.

1Domaine du comte de Paris, en Normandie.

2Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il est lié d'amitié et son épouse Marguerite Augusta Marie duchesse de, née Löwenhielm (1830-1915).

3Miramon. Marie-Yolande de Fitz-James (1855-1925) mariée le 25 juin 1874, avec Henri de Cassagne de Beaufort de Miramon (1852-1887).

4Les Fitz-James possédaient un domaine dans le Midi, à Saint-Glles, dans le Gard.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 juillet 1885», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République, 1885, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 15/08/2023