Année 1870 |
24 février 1870
Franz de Champagny à Alfred de Falloux
Paris 24 février 1870
Mon cher comte,
Votre lettre me peine doublement et d'abord en m’ôtant une proposition qui me réjouissait et et surtout en m'annonçant une aggravation de vos souffrances. Nous n'avons plus qu'à vous demander de les soigner, pour vous revoir ici ne serait-ce que pendant quelques jours et surtout pour vous savoir jouissant d'un peu de répit. je le demande à Dieu de tout mon cœur.
Avant d'avoir votre lettre j'avais déjà parlé à M. Guizot qui a bien été avec vous le patron de ma candidature, et il consent à me servir de parrain. Puisque me voilà revenu à vous remplacer, je me suis adressé je l'avoue à notre ami Carnė1. Je l'aurais lui comme ami personnel, M. Guizot comme personnage important dans l'académie. J'aurais aimé avoir auprès de moi un représentant de l'opinion légitimiste ; mais j'ai eu bien peu de rapport avec monsieur le duc de Noailles et il m'a semblé qu'il serait étonné de ma demande.
J'ai remis le jour même à Carné la note que vous m'envoyez par lui. Il y a déjà longtemps que je lui ai recommandé Marie-Sophie dont les pièces doivent être maintenant au Secrétariat de l'Institut.
Vous savez que nous avons de nombreuses élections à faire. Dieu veuille vous mettre en état de venir y prendre part. Présentez je vous prie mes respects à Madame de Falloux et à Mademoiselle votre fille2 qui doivent être plus peiné que vous de votre état de souffrance et croyez bien à tous mes vœux, à tous mes remerciements et à mon bien sincère attachement.
Cte de Champagny
1Louis Joseph Marcein Carné, comte de (1804-1876), historien et journaliste légitimiste ; attaché et secrétaire d'ambassade sous la Restauration ; il s’était rallié à la Monarchie de Juillet. Il fut un de ceux qui collaborèrent au Correspondant dés sa fondation.. Député du Finistère (collège de Quimper) de 1839 à 1848, il appartint au Parti social de Lamartine, puis défendit les intérêts catholiques. Sous le Second Empire, il collabora au nouveau Correspondant, au Journal des Débats, à la Revue des Deux Mondes et à la Revue Européenne. Il était entré à l’Académie le 23 avril 1863.
2Loyde de Falloux (1842-1881), fille unique des Falloux. Atteinte de nanisme, elle était de santé fragile.
