CECI n'est pas EXECUTE 29 avril 1865

Année 1865 |

29 avril 1865

Gustave de Beaumont à Alfred de Falloux

Beaumont par la Charte sur le Loir (Sarthe), 29 avril 1865

Mon cher ami,

Votre lettre du Bourg d’Irė arrivée hier me prouve que vous n’avez pas reçu celle qu’il y a quelques jours je vous ai adressé à Paris, ni le volume nouvellement paru des œuvres complètes de Tocqueville (le tome XIII) qui l’accompagnait. Je vous parlais dans ma lettre non seulement de ce nouveau volume, mais aussi de l’objet même dont vous m’entretenez aujourd’hui. Et je vous disais le chagrin que j’avais éprouvé lorsque après avoir eu toutes les espérances d’une grande découverte et le filon d’or sur lequel j’étais tombé et qui me semblait devoir me conduire à la mère s’est arrêté tout d’un coup et j’en suis resté à la trouvaille de ces 4 lettres que je vous envoie, qui se sont offertes à moi tout d’abord ; depuis j’ai eu beau chercher je n’ai rien trouvé. vous remarquerez du reste que celle de dimanche 8 et la réponse à cette fameuse lettre de Tocqueville que nous n’avons pas osé publier et que madame de Tocqueville1 vous a su tant de gré de lui avoir remise.

Quelqu’intérêt, mon cher ami, que je prenne à vos travaux j’en prends un plus grand encore à votre santé. Je me réjouis donc de vous y voir revenir en pensant que c’est le signe de votre rétablissement. J’avais entendu dire qu’en effet vous aviez été souffrant cet hiver, qui ne l’a pas été pendant cette rude saison?

J’ai moi-même été fort mal en train pendant 2 ou 3 mois. La maladie et la mort de cette pauvre madame de Tocqueville avait été pour moi l’occasion de bien pénibles impressions ; et peu de temps après mon retour de Normandie j’ai éprouvé dans ma famille une perte à laquelle j’ai été bien sensible, et à laquelle vous n’avez certainement pas été indifférent : c’est celle de mon bon cousin Théodore, qui était pour moi comme un frère. A mon retour de Beaumont-la Ronce j’ai été tout à fait malade pendant quelque temps. Toutes les misères du corps ne peuvent tenir contre les beaux jours que nous donne le mois d’avril, mais qui malheureusement ne guérissent pas si si aisément les plaies du cœur.

Je pense avec bonheur, mon cher ami, à la publication dont vous préparez les éléments, et à laquelle je regrette bien que mes recherches pourtant bien minutieuses parmi les papiers de Madame de Tocqueville ne fournissent pas un tribu plus important. Je lis tout ce qui vient de vous, non seulement avec un grand plaisir, mais encore avec cette parfaite satisfaction que donne la sécurité. Je suis sûr d’avance que je serai content; et cette confiance qui n’est jamais trompée ajoute beaucoup aux charmes de la lecture. Voudrez vous bien vivement, cher ami, présenter mes respectueux hommages à Madame de Falloux, et me croire toujours votre tout dévoué de cœur.

Gustave de Beaumont

La lettre et le livre que vous n’avez pas reçu ont été adressé 42 rue de Varennes, je dis la lettre et le livre (en gras) parce que Levy2 a dû l’envoyer le même jour que je vous écrivais. Mais l’a-t-il fait ? Je voudrais bien le savoir.

1Mary de Tocqueville, née Mottley (1799-1863), veuve d'Alexis de Tocqueville.

2Editeur des ouvrages de Toqueville.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «29 avril 1865», correspondance-falloux [En ligne], CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire, Année 1865,mis à jour le : 12/10/2023