1885 |
11 juin 1885
Julie de Chevreuse à Alfred de Falloux
Paris, 11 juin [1885]
Monsieur le comte,
Paris, je tiens à vous envoyer cette lettre de l'amiral Arseniev1.
Ma première pensée, que je vous l'avoue, avait été de vous demander si vous ne pourriez pas accéder à sa démarche et lui céder vos droits de tuteur. Après mûre réflexion, je crois qu'il vaudrait mieux attendre.
En prévenant l'amiral que je consentait à donner la pension de 100 francs par mois je lui ai demandé si André [Galitzin] ayant fait sa première communion comme catholique romain il pourrait remplir à l'école les devoirs de sa religion. Il me paraît nécessaire d'avoir une réponse à cette grave demande; car si nous devons chercher à faire de ce jeune homme un garçon sérieux occupé honnête, nous ne pouvons vouloir en faire un renégat. C'est sur son âme d'abord j'en suis sûr que vous chercherez à exercer l'espèce de paternité qui vous est confiée.
Vous me rendriez un grand service si vous vouliez bien vous mettre en relation avec l'amiral, lui demander que les notes d'André vous soit envoyé, parce que pour ce qui est me concerne je désire ne pas paraître et vous comprendrez pourquoi, j'en suis sûre.
Du reste je suis honteuse, monsieur le comte, d'avoir l'air de vous donner un conseil vous savez mieux que moi ce qu'il faut faire pour le bien moral de cet enfant et l'affection que vous aviez pour son père vous inspirera mieux que personne j'en suis sûr. Je pars demain pour Sablé et après toutes les émotions du mariage de ma petite fille2 au milieu de toutes les préoccupations d'un départ je ne puis vous écrire que très à la hâte. Recevez, Monsieur le comte, l'assurance de mes sentiments distingués
Duchesse de Chevreuse
1Voir lettre de Thérèse Vianzone à Falloux du 10 juin 1885.
2Louise (1864-1914) s’était mariée le 10 juin 1885 avec Jules de Lareinty (1852-1900).
