CECI n'est pas EXECUTE 15 février 1875

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15 février 1875

Julie de Chevreuse à Alfred de Falloux

15 février [1875]

Monsieur, 

J'ai su par mon cousin le prince Galitzin la part que vous preniez à notre évènement de famille1 et je vous en remercie. j'espère que Dieu bénira cette union mon fils est déjà bien heureux puisse-t-il protégé par son père et sa sœur à voir en ce monde un bonheur durable.

J'apprends en autre que vous seriez disposé à accepter notre hospitalité à Sablė2 le 2 mars afin d'assister le 3 au panégyrique de Dom Guéranger3. Nous serons charmés mon fils et moi de votre visite et je ne regrette qu'une chose c'est que cette lumière de l'Église ne soit plus là pour vous recevoir. Mais j'ai toujours cru que la puissance des âmes sainte était plus grande dans le ciel que sur la terre point il désirait tant l'union de tous les catholiques autour des deux grandes figures de notre époque le pape et le roi. Pour lui l'obéissance hiérarchique semblait si nécessaire pour la paix des âmes et des peuples point c'est aujourd'hui surtout monsieur que je voudrais pouvoir vous envoyer son souffle et obtenir une petite part de son éloquence persuasive car il me semble que vous pourriez sauver à 7h notre pauvre France en ramenant sans condition autour  du roi tout ce qui monarchique au fond du cœur nous précipite dans l'abîme point quelle gloire et quelle consolation ce serait pour vous, monsieur. ne parlons pas du drapeau le pays en décidera spontanément le jour de l'entrée du roi en France.

Je me rappellerai toujours ce que me disait mon père que lors de la restauration la première personne qu'il avait rencontré dans le fond de sa voiture sur la place du Carrousel avec la cocarde blanche c'était le prince de Talleyrand point quelques instants après passa son oncle de Contades qui avait la cocarde tricolore. mon père lui raconta ce qu'il venait de voir et son oncle alors retourna sa Cocarde elle était blanche de l'autre côté. Que de personnes en ce moment attendent l'impulsion qui leur sera donné. Dieu, Monsieur, vous a accordé la grâce d'avoir de l'influence sur les hommes et je vous en conjure profitez-en. Venez à Paris entraîner tous les vôtres. Pour un jour je vous assure je voudrais être à votre place dussé-je payer de ma vie le succès. Agréez, Monsieur, l'assurance de mes sentiments distingués.

Duchesse de Chevreuse

15 février Paris

Veuillez me rappeler ainsi que mon fils au bon souvenir de Madame de Falloux et de Mademoiselle votre fille.

 

1Mariage du duc de Chaulnes avec Sophie Galitzin en 1875.

2Commune de la Sarthe.

3Dom Guéranger était mort peu auparavant, le 30 janvier 1875.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 février 1875», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1875,mis à jour le : 22/10/2023