CECI n'est pas EXECUTE 10 mars 1885

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10 mars 1885

Arthur de Cumont à Alfred de Falloux

L'Epinay, 10 mars 1885

Cher ami,

Si j'ai gardé le silence pendant votre séjour à Rome, mon cœur et mes pensées étaient près de vous, n'en doutez pas. Je ne vous ai point écrit parce qu'il me paraissait égoïste de vous prendre à mon profit, ne fût-ce qu'une minute des heures courtes et précieuses où vous aviez tant de choses à voir, à dire, à faire entendre. L'accueil du pape m'a comblé de joie. C'est un acte de justice sans doute, mais c'est mieux que cela encore, puisque cet acte a revêtu la forme la plus confiante, la plus affectueuse. Ne sera-t-il pas un peu diminué, un peu affaibli par une réception semblable faite à l’évêque1, lequel a dû arriver à Rome le jour de votre départ? Il s’en vantera certainement et les trompettes de L’Univers et de l’Anjou le publieront en tous lieux. Il faut bien l’avouer, d’ailleurs, cette manière de garder l’équilibre est conforme aux traditions de la curie romaine. Néanmoins, et quoi qu’il arrive, il restera ceci que votre personne, vos idées, votre langage, votre attitude, votre ligne de conduite ont trouvé près de Léon XIII une adhésion, une approbation, des encouragements

et des bénédictions qui, sans désarmer ceux que rien ne désarme, produira beaucoup d’effet sur les braves gens et les hommes de bonne foi. Pourvu que ce résultat ne soit pas compromis par l’Encyclique annoncée ! N’est-ce point à cela que vous faites allusion en parlant de l’insuccès relatif de votre voyage au point de vue politique ? Nous en causerons au coin du feu. Je viendrai à Angers quand vous y serez. Mes crises sont moins fréquentes, moins douloureuses, à la condition toutefois, chose difficile ! de n’éprouver aucune émotion. Dans ce cas, je souffre le martyre. Je pourrais bien avoir un commencement de maladie de cœur. C’est justement ce que j’ai toujours le plus redouté avec la rage et la pierre. Enfin, s’il le faut, je me résigne, et je dis très humblement, très sincèrement : que la volonté de Dieu soit faite !

Au revoir prochain, cher ami. Mes plus tendres souvenirs à Rességuier.

A. C.

 

 

1Sans doute Freppel qui doit alors également être reçu par le pape.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 mars 1885», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1885,mis à jour le : 29/10/2023