CECI n'est pas EXECUTE 11 avril 1871

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11 avril 1871

Augustin Galitzin à Alfred de Falloux

11 Avril [1871]

Gagarine m'écrit tous les jours. Je vous envoie sa dernière lettre parce qu'elle parle de vous c'est peut-être brutal mais bien amical. Nous sommes maintenant ici moins paisiblement que nous n'étions durant la guerre. Cela tient à ce que les maçons ne peuvent partir ou reviennent. La vie est très chère, il n'y a pas d'ouvrage, un mouvement dans mon département ne tient qu'à un fil et il aura certainement lieu si Mac Mahon ne triomphe pas bientôt.

L'assemblée se dépopularise beaucoup; je plaide aa cause autant que je peux, mais il est certain qu'il ne part de son sein aucun de ces cris qui répondent à l'âme de toute la France.
Je me félicite d’être sorti de Paris. Mon indignation m'y aurait fait égorger, mais je suis bien inquiet de ce que j’y ai laissé. Quand il s’agit de tant de vie à sauver, de tant de trésor à conserver il aurait fallu mettre un peu l'amour propre de côté et s'entendre avec les forts du Nord1. Exaltarit humiler; je ne sors pas de l'Évangile pour être sûr de ne pas me tromper.

Je vous embrasse, cher ami, avec les sentiments que vous interpréterez mieux que je ne puis les exprimer.
Que savez-vous de Cochin2? On comprend maintenant 93 et que tous les mots viennent encore moins de la méchanceté des uns que de la division des autres. J'en suis suffoqué d'indignation
Augustin

1Les forts du nord de Paris.

2Augustin Cochin est alors très malade. Il mourra le 15 mars 1872.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 avril 1871», correspondance-falloux [En ligne], 1871, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 01/11/2023