1882 |
9 avril 1882
Prosper de Hauleville à Alfred de Falloux
153 rue de la Loi, Bruxelles, le 9 avril [1882]
J'aurais désiré, Monsieur le comte, parler moi-même de vos deux volumes1 dans la Revue générale. Malheureusement la vie que je mène ( je suis à la fois directeur de la revue et rédacteur en chef du Journal de Bruxelles, le principal journal de l'opposition catholique) ne m'a pas permis de me donner cette satisfaction. L'article que vous venez de lire dans le recueil est de Monsieur H. Françoise, un jeune écrivain liégeois, plein d'instruction et de talent. Les affaires politiques de France et la situation de votre pays en Europe nous inquiètent. Comment tout cela finira t-il?
Votre plus grand malheur, c'est l'absence de programme réalisable. il me semble que le comte de Chambord est impossible et cependant une restauration monarchique est impossible sans lui.
Ici, nous catholiques parlementaires, nous faisons beaucoup de progrès. la jeunesse est avec. Nous sommes plein d'espoir. J'ai eu plusieurs fois l'honneur de voir votre frère le cardinal2 à Rome. Je lui ai dit qu'à Paris j'ai eu le chagrin de ne jamais vous rencontrer. Un jour je devais vous voir chez madame de Montalembert3 je crois et vous n'êtes pas venu!
Je compte aller voir le salon de peinture. si vous étiez à Paris alors je serai bien heureux de vous renouveler de vive voix l'expression de sentiments dévoués.
Haulleville Prosper baron de
1Sans doute Discours et mélanges politiques, Paris Plon, 1882.
3Marie-Anne Henriette dite Anna de Montalembert, née de Mérode (1818-1904), veuve de Charles de Montalembert avec qui elle s'était mariée en 1836.