CECI n'est pas EXECUTE 30 octobre 1878

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30 octobre 1878

Amélie Lenormant à Alfred de Falloux

Paris, 4, rue de Sèvres, le 30 octobre 1878

C’est bien hardi, Monsieur le comte, ce que je fais auprès de vous et si le nom que je porte n’était pas celui d’un de vos anciens compagnons d’armes, dans la lutte pour la liberté, je n’aurais pas osé vous écrire.

Mais j’ai lu votre admirable lettre au Correspondant et je ne puis résister au désir de vous exprimer la vive émotion que mon fils1 et moi en avons ressenti.

Dans toutes les circonstances où les intérêts de la religion et de la France ont été en péril vous aviez été un de leurs ardents et éloquents défenseurs, mais jamais votre patriotisme et votre foi ne vous ont inspiré plus nobles et courageux accents. Et Dieu merci, je ne suis pas seul à apprécier l’intrépidité avec laquelle vous relevez le drapeau de la liberté et du bon sens ; dans les rangs des républicains je vous connais des admirateurs très sympathiques. Mon fils est de tout cœur avec vous, et je suis autorisé à vous citer, comme applaudissant vivement à vos belles paroles le nom d’un homme bien distingué chrétien pratiquant et républicain, Monsieur Georges Picot2. Ce nom vous sera connu Monsieur, vous vous rappellerez le prix qui fut donné à son Histoire des États généraux3. Maintenant il occupe une situation considérable auprès de Monsieur Dufaure et il est membre de l’Académie des sciences morale. Par l’élévation de son âme et l’extrême distinction de son esprit, il est digne de vous comprendre.

Mon fils se joint à moi pour vous offrir expression d’une admiration et d’un dévouement bien sincères.

Mme A. Lenormant4

1Loménie, Albert Louis Charles de (1856-1910), auditeur au Conseil d’État. Il est le fils de Louis de Loménie et d’Amélie Lenormant (voir ci-dessous).

2Georges Picot (1838-1909), juriste et historien

3Georges Picot, Histoire des États Généraux considérés au point de vue de leur influence sur le gouvernement de la France de 1355 à 1614. – Paris, 1872 (4 tomes).

4Lenormant Marie-Joséphine dite Amélie Cyvoct (1804-1893), petite nièce et fille adoptive de Mme Récamier. Elle collabora au Correspondant sous le pseudonyme de Léon Arbeau.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «30 octobre 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 29/11/2023