1873 |
30 octobre 1873
Augustin Galitzin à Alfred de Falloux
30 octobre [1873]
Je suis si content, cher ami, de recevoir une lettre de vous que je suis toujours tenté d'y répondre tout de suite. Mais pourquoi faut-il qu'elle ne m'apporte jamais de meilleures nouvelles?
L'histoire Veuillot continue comme je l'avais pensé. le comité dont je vous ai parlé ayant refusé de lui donner un chiffre <mot illisible> de billets de banque L'univers l'attaque en dessous, en disant qu'il faut attendre les interpellations à la chambre, qu’il n'est pas certain que les titres romains doivent être échangés avant le 29 décembre. Ces messieurs mentent sachant qu'ils mentent; leur langage est si sale, parce que leurs mains ne sont pas propres.
Je ne me souviens plus de quel aplanissement je vous ai parlé; je ne suis entouré que d'aspérité, mais en voyant à côté de moi ma femme si courageuse, je me dis que le dernier parti à prendre est celui de l'abattement et qu'à la brebis tondue, Dieu ménage les vents. J'ai aujourd'hui même à le remercier d'une porte qu'il laisse ouverte à mes enfants. J'avais parlé de Bariatinski1 des angoisses que leur avenir me donnait. Sont-ils russes, lui disais-je, ne le sont-ils pas? Je n'en sais rien! Bariatinski a posé à l'empereur ce point d’interrogation et hier l'ambassade m'a mandé pour me donner officiellement lecture d'un papier déclarant "que les lois contre les convertis n'étaient plus appliquées".
C'est toujours aimable. Qu'en pensez-vous? Je me mets aux pieds de vos chères dames.
Augustin Galitzin
1Prince Wladimir Ivanovitch Bariatinsky (1817-1875).