Année 1855 |
29 décembre 1855
Victor de Persigny à Alfred de Falloux
Loudun (Vienne), 29 décembre 1855
Cher ami,
Je sais bon gré à M. d’Andigné1 de me fournir l'occasion de recevoir un mot de vous. Je ne crois pas qu'il ait raison de s'inquiéter. Je crois que ses service sont appréciés et je ne suppose pas qu'on veuille le destituer comme il le craint. A tout hasard je vais faire le nécessaire.
Vous ne me dites rien de votre famille. C'est une preuve que rien ne dérange le calme de votre retraite, retraite que j'envie!
Nous sommes ici très agités des idées de paix et de guerre. Dieu veuille que la paix sorte de tout ceci; mais il se pourrait bien que la sottise du modèle Prusse ne précipite l'Europe dans une plus grande convulsion. Ce malheureux Roi2 désire la paix plus que personne. D'un mot en se déclarant pour nous il sauverai l'amour propre de la Russie et nous donnerait la paix: il fera probablement le contraire de ce qu'il faut et il payera cher sa bêtise.
Ma femme qui sait que je vous écris insiste pour que je la rappelle à votre bon souvenir et moi je vous prie de me mettre aux pieds de Madame de Falloux et d'embrasser Mlle Loyde pour moi. J'espère qu'elle se porte bien et qu'elle vous dédommage aujourd'hui de toutes les peines qu'elle vous a donné dans son enfance.
Quand à mes enfants ma petite Lyonnette devient de plus en plus espiègle et gentille. Mon petit Jean est un gros garçon plein de santé qui dévore sa mère.
Adieu mon bon ami. Mille compliments de nouvelle année. Tout à vous dévoué.
Victor de Persigny
1Andigné, Charles Joseph d’ (1807-1878), fonctionnaire. Il sera effectivement nommé préfet de Charente en 1853, poste qu’il occupera jusqu’en 1856.
2Frédéric-Guillaume IV (1795-1861).
