Année 1866 |
25 janvier 1866
Victor de Persigny à Alfred de Falloux
Chamarande (Seine-et-Oise)1 ce 25 janvier 1866
Mon cher ami
J'avais bien reçu votre lettre mais dans l'intervalle les choses étaient changées et je n'avais plus possibilité d'intervenir utilement.
Du reste les idées que j'aurais voulu vous transmettre sont les mêmes que j'ai exposé dans ma lettre de Rome dans le Temps. Il ne suffit pas de vouloir protéger le pape2 il ne suffit pas même d'en avoir le droit au nom des états catholiques. Il faut que ce droit soit fortifié aux yeux des peuples par des considérations basées sur l'opinion et l'intérêt du peuple. Or, je demeure convaincu que si le pape proclamait que les Romains sont italiens, comme ceux de Turin, de Venise, de Florence et de Naples qu'ils ont droit comme les Allemands de servir où ils veulent, de sortir, d'aller sans entrave sans <mot illisible> cette concession rendra le pape inattaquable parce que d'une part les Romains n'auraient plus le droit de se plaindre et de l'autre la France en soutenant le pape et le défendant contre toute attaque ne violerait pas le droit des populations, une fois cette concession faite le pape gouvernerait ses sujets comme il s'entendrait et il n'aurait pas le droit de se plaindre parce qu'ils seraient libres d'aller dans le reste de l'Italie si le gouvernement leur déplaisait. Voilà selon moi l'unique moyen d'assurer la sécurité du pape. J'aurais voulu que la France fit une déclaration dans ce sens, qu'elle donnât sa garantie au pape en faveur de cette concession et que l'Italie et le pape <mot illisible> sur quelle base était assurée désormais la protection de la France de l'avenir fut clairement déterminé point une situation nette me semblait la seule manière d'assurer tous les intérêts au lieu de cette politique au demande de on obtient même des garanties de l'Italie. Mais que signifient ces garanties quand un coup de main même en dehors du gouvernement italien peut tout compromettre? Que ferons-nous si ce sont les Romains, sans l'action évite de l'Italie qui chassentcle pape? Que de complications! Que d'embarras!
Supposons que cette déclaration a été faite point de deux choses l'une; ou le pape n'a pas voulu exécuter ce qui aurait été le prix de notre protection et alors (je parle pour mon gouvernement et non de vos idées) la France était dégagée elle était libre de faire ou de ne pas faire suivant les circonstances. Dans le cas contraire le pape s'est exécuté il a rendu les Romains italiens. Malgré cette concession la révolution éclate à Rome.
Alors plus de doute plus d'incertitude le monde l'Italie c'est que vous sommes engagés. Personne ne sait que nous allions au secours du pape et cette conviction dans tous les esprits suffit probablement pour empêcher d'avance d'Italie de pousser à la révolution de Rome
.
Mais à quoi bon c'est considération. Ce sont précisément les partisans les plus ardents du pouvoir temporel qui s'opposent dans le gouvernement français a rien demandé au pape! C'est à l'Italie qu'on demande les engagements à elle seule et elle en donne elle en donnera tant qu'on voudra; mais mots illisibles.
Du reste j'ai tort de parler encore de ces choses. Je suis condamné à la retraite et j'y reste pour me mêler plus de rien et ne cherchez pas à sortir de cette retraite.
Je suis encore à Chamarande tout entier au livre aux études.
Je n'ai pas reçu les nouvelles de la revue dont vous me parlez je pense qu'ils sont égarés chez moi à Paris dans quelques monceaux de livres et de brochure.
Le premier jour que je pourrais aller à Paris je la rapporterai et la lirai avec l'intérêt que je porte et que je porterai toujours à tout ce qui vous concerne. Si de votre côté vous n'avez confiance malgré l'indifférence de situation de sentiments d'une si bonne affection lorsque de mon côté je vous le rends de même.
Mes hommages à Madame de Falloux et croyez-moi toujours votre bien dévoué ami.
Persgny
1Essonne aujourd’hui.
