CECI n'est pas EXECUTE 15 octobre 1860

Année 1860 |

15 octobre 1860

Alfred de Falloux à Victor de Persigny

Bourg d’Iré,15 octobre 1860

Je commence par vous remercier bien sincèrement, cher ami, d’une si longue lettre au milieu de tout ce qui pèse sur nous. Je serais bien heureux, soyez en également convaincu, de vous répliquer de vive voix et de vous démontrer non seulement mon entière bonne foi, mais celle de la plupart de mes amis. Beaucoup, sans avoir souhaité l’Empire s’y résignaient et en attendaient le bien relatif que comporte une époque de transition comme la nôtre. Ce dont vous ne vous rendez pas assez compte, et ce que je me suis promis de rappeler directement à l’Empereur ce printemps, c’est la révolte intime et impérieuse de sa conscience au spectacle de tout ce qui se passe. En admettant le but, on aurait encore énormément à protester contre les moyens. J’applique le peu que j’ai d’intelligence, je l’épuise dans un effort constant pour comprendre l’’intérêt dynastique, politique ou national que vous avez pu trouver à un tel revirement de direction, et je ne puis parvenir à cette compréhension. Tout m’exciterait donc, cher ami, à accepter votre amical rendez-vous à Chamarande1, et je le ferai avec grand empressement, si je n’étais, à l’heure qu’il est, littéralement sur le flanc. Je viens de passer quarante-huit heures dans mon lit, en proie à l’une des crises névralgiques les plus aiguës que j’ai eus depuis plusieurs années. Je garde au sortir de ces crises une irritation quelquefois assez longue qui me rend le moindre bruit et à plus forte raison le chemin de fer, intolérable. Je suis donc obligé de vous demander si, étant seul à Chamarande, vous ne pourriez pas vous même vous laisser glisser jusqu’au Bourg d’Iré. Je sais parfaitement que vous pouvez trouver un inconvénient politique à venir chez l’auteur de l’article du Correspondant. D’autre part nos relations personnelles si notoires et ont traverser tant d’épreuves, que peut-être vous croiriez vous autoriser à passer par dessus cette coïncidence. En tous cas, je vous en fait juge et je tiens à vous répéter aujourd’hui comme toujours que le Bourg d’Iré serait vraiment heureux de vous être présenté. Un loueur de voiture nommé Georges et qui a toujours un représentant au chemin de fer vous amènerait en trois heures, trois heures et demie. Vous pourriez me donner rendez vous à la gare sans même entrer dans la ville. Tous les cochers de George savent le chemin du Bourg d’Iré qui est à deux petites heures au-delà de Segré. Merci encore, cher ami, je voudrais pouvoir dire au revoir tout prochain.

P.S. Je n’affranchis pas ma lettre pour qu’elle vous cherche plus soigneusement car vous me donnez le nom de votre hôtel sans celui de sa rue.

1Commune de l’Essonne, Persigny y avait acheté une propriété.


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 octobre 1860», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1860,mis à jour le : 24/12/2023