CECI n'est pas EXECUTE 5 juillet 1853

Année 1853 |

5 juillet 1853

Alfred de Falloux à Victor de Persigny

5 Juillet 1853

Cher ami,

Je vous remercie avant tout du mouvement qui vous a dicté votre lettre et j'y ai été très sensible comme à tout ce qui vient de vous. La nomination de M. d'Andigné1 mais une consolation pour le triste épisode de l'école des arts. Quant à ce sujet, j'espère que M. Heurtin que j'en priais très expressément, vous aurez montré une longue lettre de moi adressée à lui seulement par respect pour votre temps, mais que j'aurais écrite avec moins d'abandon si je ne l'avais cru cependant destiné à passer sous vos yeux. Soyez sûr que là est le vrai.

Cette affaire ne m'a point ému pour M. de Joannès que le sentiment d'un dévouement utile pouvait seul retenir à son poste, mais pour vous, cher ami, dont la vivacité a été complètement surprise et pour la plaie très vive que cette affaire a ouverte sur notre département le plus paisible de tous jusqu'à ce jour. Quand au terme de la démission de M. de Joannès, elle était une réplique très pâle comparée à l'accueil et aux impressions qu'il avait trouvé dans les bureaux de Paris. C'est un ancien marin fort chatouilleux sur son honneur, que la moindre parole cordiale eut rendu comme un mouton et sur lequel il est également aisé d'agir en sens contraire. Ceux qui ont mené cette affaire de longuement, le savaient bien. 

Quant à l'ornière dont j'ai parlé à M. Heurtin soyez sûr aussi que vous y verrez beaucoup plus que vous ne l'imaginez tant la routine en est bien pire dans tout votre monde secondaire mais cela regarde Dieu, l'Empereur et vous. Pour moi, je me réjouis de voir le soleil sécher mes foins et quand je fais tant que de lever les yeux au-dessus de mes prés je tâche de regarder jusqu'à Constantinople.

Je coupe court, cher ami, je me laisserai encore aller très aisément à causer avec vous comme si nous étions encore dans la rue de la Ville l'évêque ou la rue du Bac. Sachez bien du moins que ces souvenirs me sont toujours entre les plus doux du passé, que j'ai et aurai toujours une solidarité de cœur avec votre destinée quelle qu'elle soit, et à ce titre, quand vous aurez la bonne pensée de me donner de vos nouvelles joigne y Monsieur et Madame de Persigny sans oublier vos espérances prochaines, j'espère de paternité2.

Falloux

1Andigné, Charles Joseph d’ (1807-1878), fonctionnaire. Il sera effectivement nommé préfet de Charente en 1853, poste qu’il occupera jusqu’en 1856.

2Mme de Persigny est alors enceinte.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 juillet 1853», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1853,mis à jour le : 26/12/2023