Année 1853 |
3 décembre 1853
Alfred de Falloux à Francisque de Corcelle
3 décembre 1853
Cher ami,
Votre indulgence m'a autorisé à recourir aux plumes d'emprunt lorsque mes yeux se trouveraient trop en protestation avec quelques mouvements de mon cœur. C’en est aujourd'hui le cas. Quoique très passablement portant du reste, ma vue me refuse plus que jamais service, et cependant je ne puis tarder davantage à vous jeter mes bras autour du cou.
Voilà donc enfin conclu ce mariage pour lequel vous avez fait tant de sacrifice, que je vous en fais félicite et que j'en suis aise! Cela ouvre tout d'un coup mille perspectives comme un rideau qui se lève! Cela dénoirait [sic] le ciel, et quand on sait ses amis si heureux on a besoin de les rejoindre par la pensée et de leur dire: nous bénissons Dieu ensemble. Faites bien aussi mes compliments à votre neveu Barberey1 qui est trop bien de votre famille pour que cette alliance l’ait trouvé insensible. Maintenant il faudra s'occuper des enfants et songer de bonne heure à leur éducation. Que je les voudrais voir sous votre aile, et quel guide vous seriez pour eux si cela pouvait être compatible avec vos propres affaires!!
Que les festins de noces cependant, cher ami, ne vous fassent pas oublier vos deux engagements avec moi: l'un d'écriture, l'autre de votre présence même. Souvenez-vous que j'attends depuis longtemps des compléments de chapitre de votre main, et que vous m'avez assuré que dans votre géographie le Bourg d’Iré se trouvait sur la route de .
Mettez donc un peu d'ordre à votre conscience de mon côté, cher ami, et priez, madame de Corcelles d'agréer comme vous, en excuses de mes indiscrétions, mon plus fidèle attachement.
Alfred
1Barberey, Maurice Bailly de (1818-1889) auquel F. de Corcelle par sœur.
