CECI n'est pas EXECUTE 8 janvier 1855

Année 1855 |

8 janvier 1855

Alfred de Falloux à Francisque de Corcelle

Paris, 8 janvier 1855

Cher ami,

Je quitte Paris avec le bien grand regret de ne pouvoir vous y attendre; mais le ferme espoir de vous y revoir prochainement et longuement puisque le catéchisme et la première communion de Loyde1 vont me faire passer trois mois du printemps à Paris. La mort de M. Bahour Lormian2 est venue tout simplifier dans une situation compliquée dans le récit posthume vous amusera plus tard. Cette dernière élection n'aura lieu qu'en mars ou avril après que M. Ponsard3 aura remplacé M. Ancelot4 et M. de Broglie M. de Saint-Aulaire.

J'ai cependant écrit ma lettre et fait mes visites officielles pour le fauteuil de M. Bahour avant de quitter Paris; mais uniquement pour prendre date authentique et rang incontesté sans venir à mettre la dernière main à la besogne. Je laisse d'ailleurs de bons amis pour cela: MM. Molė, Berryer, de Noailles et de Montalembert et ils vous attendent.

J'ai été deux fois le matin chez M. de Rémusat sans le rencontrer. Je n'ai point écrit à Tocqueville mais j'ai vu M. Ampère partant pour Compiègne5 et se chargeant très aimablement de mes messages. Vous avez fait valoir particulièrement près de ces deux messieurs le mérite de ma discrétion. Pardonnez-moi aussi vis-à-vis de vous-même, cher ami, ma brièveté forcée. Je suis toujours à bout de force et de temps quand je touche au terme d'une excursion à Paris. Celle-ci a été remplie outre l'Académie terrain sérieux dont aucune confidence ne vous sera épargnée à notre revoir.
Donnez-moi en attendant de vos nouvelles au Bourg d'Iré. J'y vais bêcher et planter pendant un mois et y reprendre mes achats pour expier ce carnaval anticipé. A vous comme vous savez.
Alfred de Falloux

PS Je n'ai mis que des cartes chez Sainte-Beuve6, Mérimée7, Musset8 etc etc afin d'éviter même la chance d'une conversation mal rendue.

1Née en 1842, la fille des Falloux était alors en $âge de faire sa communion.

2Pierre Baour-Lormian, académicien, il venait de mourir, le 18 décembre 1854.Pierre marie François Baour-Lormian (1770-1854), poète et écrivain français, il faisait partie des classiques. Candidat agréable à Napoléon Ier, il était entré en 1815 à l'Académie française.

3Ponsard, François (1814-1867), auteur de pièces de théâtre, chef de file de la mouvance antiromantique. Proche du pouvoir, il sera élu à l’Académie française avant Falloux, le 23 mars 1855.

4Ancelot, Jacques Arsène François Polycarpe (1794-1854), dramaturge et romancier. Joué en 1819 au théâtre français sa tragédie Louis IX lui valut un grand succès. Nommé bibliothécaire de l’Arsenal en 1824, il était entré à l’Académie française en 1841.

5A. de Tocqueville est alors chez son père qui réside alors près de Compiègne.

6Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869), poète, romancier et critique littéraire. Auteur prolifique, célèbre pour ses Causeries du Lundi et ses Nouveaux Lundis, véritable monument de critique littéraire, familier du salon de la princesse Mathilde, membre de l'Académie depuis 1844, il y était le chef du parti gouvernemental et anticlérical.

7Mérimée, Prosper (1803-1870), romancier. Familier de la cour impériale de Napoléon III, passionné d'archéologie, collaborateur de la Revue des Deux Mondes, auteur de romans célèbres (Carmen), entré à l’académie en 1844, il était très hostile aux catholiques de l'Académie.

8Alfred de Musset (1810-1857), poète, dramaturge et écrivain de la période romantique. Il était entré à l’Académie française en 1852.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «8 janvier 1855», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1855,mis à jour le : 28/02/2024