Année 1848 |
12 décembre 1848
Louis Molé à Alfred de Falloux
Paris, 12 décembre 1848
Monsieur et honorable collègue,
Vous avez reçu des approbations trop respectables pour qu'elles n'aient pas dû vous confirmer dans le parti que vous aviez pris. J'y trouve aussi pour moi, un conseil et une leçon, je ne dois pas me mêler d'affaires sur lesquelles je serais si loin de pouvoir m'entendre avec des juges souverains ce que je vénère. Je me bornerai désormais à faire des vœux pour une cause que je me sens parfaitement incapable de servir.
J'espère que votre santé ne vous tiendra pas longtemps éloigné de l'assemblée et que je retrouverai bientôt la douce habitude de vous y rencontrer.
Agréez, Monsieur et honorable collègue, toutes les assurances des sentiments que je vous ai voués.
Molé
*Cette lettre où Mr. Molé exprime son vif mécontentement répond à l'annonce que Mr de Falloux lui avait faite de son refus du ministère, refus qu'il avait fait, à la suite d'une très longue conférence approuvée par le Père de Ravignan et Mr. de Montalembert qui lui avaient été envoyée par Mr. Molé lui-même pour lui faire accepter le ministère. Mais Falloux étant peu après revenu sur sa décision et ayant accepté le ministère de l'Instruction publique et des cultes, Molé lui écrivit :
Rentré chez moi, j'ai besoin de vous dire encore, mon cher collègue, tout le plaisir et le bien que vous m'avez fait. Ne parlez plus de retraite ; il n'y a plus de bon et puissant ministère possible dans ce pays sans vous. Grâce à vous nous arriverons à <mot illisible> sans secousse. L'assemblée s'est transformée sous votre parole, vous lui avez rendu son énergie. Jamais je ne l'ai vu plus juste ni si ému, je l'étais autant qu'elle et cela vous expliquera ce billet.
Molé
