Année 1864 |
13 septembre 1864
François Poujoulat à Marie de Falloux
Écouen, 13 septembre 1864
Madame,
Votre lettre me charme et me désole ; je suis vraiment heureux que mes jugements sur le père Lacordaire aient fait quelque plaisir à Monsieur de Falloux1 et vraiment peiné de le sentir dans un tel état de souffrance. Est-ce que les belles et saintes âmes qu'il a aimées et qui sont au ciel ne pourraient pas s'entendre pour obtenir de Dieu, sinon une guérison, au moins un bon soulagement ? Mme Swetchine, à passé par ce supplice et devrait prendre l'initiative d'une neuvaine dans la gloire. Je plains de tout coeur votre cher mari, et si j'étais Sainte Radegonde de Poitiers ou Saint-Martin de Tours, il ne tarderait pas à être délivré.
Je vous parle de Saint-Martin, parce que j'ai quitté hier seulement son très digne successeur2. Je l'avais trouvé un peu triste et un peu souffrant et j'ai prolongé mon séjour auprès de lui. Je l'ai laissé en meilleur état d'esprit et de santé. Je lui ai promis d'aller encore un peu vers lui cet hiver. Si je lui ai fait quelque bien, il m'en a fait beaucoup aussi. On ne connaît de l'archevêque de Tours3 que sa gravité et sa force tranquille, mais quel coeur délicieux et tendre ! Quelle est douce cette main qui sait au besoin donner des coups de massue ! M. de Falloux n'ignore pas quelle place exceptionnelle il occupe dans la pensée du cher archevêque. Veuillez agréer, Madame, mes plus respectueux hommages et offrir à M. Falloux mes plus affectueux souvenirs.
Poujoulat