CECI n'est pas EXECUTE 4 novembre 1872

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4 novembre 1872

Saint-René Taillandier à Alfred de Falloux

 Paris, 4 novembre 1872

Monsieur le Comte,

J'ai reçu vos trois volumes et la lettre charmante qui l'accompagne ; ai-je besoin de vous dire combien nous sommes heureux, Madame S. R. Taillandier et moi, de ce bienveillant souvenir de votre part ? Nous connaissions depuis longtemps votre biographie de Madame de Swetchine, ce travail si pur, si élevé, si parfaitement digne du modèle ; il nous sera bien doux de la relire dans un exemplaire que nous tenons de votre main.

Que je me féliciterais de pouvoir contribuer, si peu que ce fût, au succès de cette onzième édition ! Soyez assuré que je vais m'y employer de tout mon cœur. Je connais trop M. Buloz1 pour ne pas redouter comme vous son esprit dur, étroit, exclusif, mais il faudra bien qu'il m'accorde au moins la faveur d'insérer quelques lignes de moi dans le bulletin bibiographique. Je vais voir ces jours-ci M. Dalloz2, que je ne connais pas, mais à qui je dois des remerciements pour les témoignages de sympathie que m'a donnés Le Moniteur Universel, dans la crise que j'ai traversés [sic] dernièrement. Je lui demanderai de faire annoncer en bons termes cette nouvelle édition, et s'il voulait bien me permettre de le faire moi-même, j'en serais très heureux. Je ne parle pas du Correspondant et du Français ; on s'empressera sans doute chez l'un et chez l'autre de signaler au public ces précieux volumes. Si cependant la place était libre au Français, mon gendre, M. Ollé-Laprune3 un de vos fervents admirateurs avec M. Beslay4, réclamerait l'honneur de parler de votre œuvre. Vous pouvez compter sur nous. Je m'adresserai à M. Jardry5 pour les exemplaires qu'il serait utile de donner aux journaux.

Je suis très touché de l'acceuil que vous faites à ma Serbie. Puissent mes héroïques barbares ne pas déplaire à Madame de Falloux ! Au milieu de leurs violences, ils ont des qualités et des vertus dont notre malheureuse France aurait grand besoin.

Veullez agréer, Monsieur le Comte, l'assurance de mon profond respect et de mes sentiments tout dévoués.

Saint-René Taillandier

 

1Buloz François (1803-1877), éditeur et publiciste. Co-fondateur puis rédacteur en chef de la Revue des Deux-Mondes, qu’il dirigea pendant près de quarante ans.

2Paul Dalloz (1829-1887) était le propriétaire du Petit Moniteur et du Moniteur Universel.

3Ollé-Laprune, Léon (1839-1898), philosophe catholique. Enseignant la philosophie dans les lycées, puis à l'Ecole normale supérieure à partir de 1875, il sera suspendu de sa chaire par Jules Ferry pour avoir organisé une manifestation contre l'expulsion des congrégations. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont La philosophie de Malebranche publié en 1870. Adversaire du rationnalisme cartésien, du déterminisme positiviste et du spiritualisme déiste et prone une philosophie adossé à la religion révélée. Il entrera à l'Académie des sciences morales et politiques en 1897.

4Beslay, François (1835-1883), avocat et journaliste. Avocat en 1856, il était entré en 1860 à la Société d'économie charitable où il s'était lié d'amitié avec Armand de Melun, un proche de Falloux. Entré au Français dés sa fondation, il en était le rédacteur en chef.

5Secrétaire de Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «4 novembre 1872», correspondance-falloux [En ligne], 1872, Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 26/11/2020