CECI n'est pas EXECUTE 3 juillet 1878

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3 juillet 1878

Alfred de Falloux à Mgr Dupanloup

Caradeuc, par Becherel (Ille-et-Vilaine) 3 juillet 1878

Cher seigneur, vous pouvez attester en toute sûreté de conscience que le prince Galitzin a toujours été fervent catholique par les soins de M. de Quélen1 à qui je l'ai vu, tout enfant, répondre la messe dans la chapelle de Madame Swetchine. Je me rappelle aussi la dissidence du Père Lacordaire avec nous en 1849 ; mais ce n'était pas, ou je suis bien trompé, une dissidence de principes. Je l'entends encore disant à Montalembert : « Tu mets trop exclusivement ton parti et toi-même sous la direction des Jésuites. Tu ne réclamas la liberté d'enseignement que pour eux, et tu verras bientôt comment il t'en récompenseront. Ils compromettront ou ils perdront tout ce que tu leur confieras. » Tout n'était pas erreur là-dedans. Toutefois le P. Lacordaire reconnut plus tard qu'il avait excédé, et c'est dans ses mémoires testamentaires publiés ou du moins commentés par Montalembert, que le Père Lacordaire dit : « La loi de 1850 fut l'édit de Nantes du XIXe siècle. » Je cite de mémoire, mais je crois pouvoir affirmer que ce sont les propres termes, et, en tout cas, le passage authentique est facile à retrouver soit dans les opuscules du P. Lacordaire, soit dans les opuscules de Montalembert. Vos deux lettres sont venus me rejoindre à Caradeuc où je suis venu bien tristement seul remplacer ma belle-mère hors d'état de voyager. Je rentrerai au Bourg d'Iré sous très peu de jours. Pourquoi ne parlez-vous plus d'y venir ? Votre plus respectueusement ami.

Falloux

 

1Hyacinthe-Louis de Quélen (1778-1839), prélat. Ordonné prêtre en 1807, vicaire général de Saint-Brieuc puis de Paris, puis évêque in partibus de Samosate, il fut nommé archevêque de Paris de 1821 à sa mort. Il avait été, comme Lacordaire, Falloux et Montalembert un habitué du salon de Madame Swetchine.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «3 juillet 1878», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 14/12/2015