CECI n'est pas EXECUTE 27 août 1871

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27 août 1871

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

Caradeuc, 27 août 1871

Chère Madame,

J'ai passé encore une bien mauvaise journée hier, et je ne puis rien écrire ce matin de tout ce que je voudrais. Je me borne donc à vous remercier des nouvelles de l'évêque1, en vous priant de demander à l'abbé Couvreux s'il n'a pas reçu ma lettre, car je serais très malheureux qu'il doutât de ma profonde reconnaissance ! Je joins ici, selon votre désir, la lettre d'Hilaire [de Lacombe] ; je doute un peu de la sincérité de sa consultation, parce que je l'ai toujours vu, depuis plusieurs années, dans des sentiments que le manifeste de Chambord2 n'a pas dû remettre en question. Je me permets donc de vous engager à lui répondre affectueusement comme il le mérite, sans aucun blâme anticipé pour l'avenir, car je ne sais plus où l'on prendrait le droit ni l'utilité de ce blâme ; mais ce n'est ni à vous, ce me semble, ni à personne de nous à signer des passeports pour voyager d'un parti dans l'autre. On peut reconnaître la liberté de conscience tout en gardant sa religion, et aucun dissident n'en peut demander davantage.

Je n'essaie pas de vous dire combien je suis navré de ce qui se passe à Versailles. J'aimerais mieux vous sacrifier pour l'écrire à Versailles même, et je ne sais même pas si je vais en avoir la force. Je veux aussi joindre ici un billet à Madeleine3, pour le cas où elle partirait immédiatement pour Paris ; veuillez le lire avant de le lui remettre, et répétez bien à Boni4, à Jean5, des tendresses sans nombre, en notre nom à tous. Quand aurons-nous aussi quelques paroles du petit Grignon. Nous sommes en désaccord, Bertou et moi, sur une phrase d'Albert [de Rességuier] au sujet de Vitet. Je plaide pour la bonne version, car si celui-là aussi passe du mauvais côté, à qui pourra-t-on se fier ? Veuillez remercier beaucoup Madame de la Ferté. Ou vit-elle maintenant, et comment son mari et elle remplacent-ils ce qui doit tant leur manquer?

Alfred

2Dans ce manifeste publié le 5 juillet 1871, le comte de Chambord proclamait son attachement irrévocable au drapeau blanc anéantissant dés lors toute espoir de restauration, les orléanistes et les légitimistes «fusionnistes » demeurant fidèle au drapeau tricolore.

3Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné ; sa belle-fille, mariée le 3 avril 1866 avec Antoine de Castellane.

4Boniface dit Boni de Castellane (1867-1932), son petit-fils, le fils aîné d'Antoine de Castellane.

5Jean de Castellane (1868-1948), deuxième petit-fils, le fils cadet d'Antoine de Castellane.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «27 août 1871», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1871,mis à jour le : 05/03/2015