CECI n'est pas EXECUTE 5 août 1878

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5 août 1878

Charles Place à Alfred de Falloux

Paris, le 5 août 1878

Monsieur le Comte,

 

Depuis mon départ de Rome, ma vie s'est passée sur les grands chemins et au milieu d'incessantes occupations, je suis, en ce moment, à Paris et sur le point de rentrer à Marseille ; laissez-moi invoquer ces circonstances atténuantes comme mon excuse au retard très involontaire que j'ai mis à vous remercier de vos bienveillantes et sympathiques paroles, qui m'ont été au fond du cœur

Je ne mérite vos félicitations que comme un homme qui, pour accomplir un devoir, fait un grand sacrifice, surtout au moment où ma population catholique était livrée à d'indignes violences1, mais la voie du vicaire de N.S. J-C. a été pour moi celle de Dieu et maintenant que tout est décidé je ne songe plus qu'à me livrer à mon nouveau ministère corde magno et animo volenti2.

L'espérance de vous voir en Bretagne m'est très douce, et j'aurais une grande consolation de me rapprocher de l'ami fidèle de notre illustre et saint évêque d'Orléans3.

Je ne pourrai pas prendre possession du siège de Rennes4 avant la première quinzaine de septembre, car, dans l'état d'effervescence des esprits à Marseille, mon successeur5 ne croit pas possible de s'installer avant cette époque et le Saint-Père6 a tenu à ce que je conservasse jusque là l'administration de Marseille.

Veuillez agréer, Monsieur le comte, avec mes anciens et très respectueux souvenirs, l'hommage de mon plus religieux et affectueux dévouement en N.S.

Ch. Place, archevêque préconisé de Rennes

1A l’occasion de la fête votive de la Saint-Jean 1878, le maire de Marseille Maglione ayant fait interdire les processions du sacré Cœur, les catholiques avaient vivement protesté. Certains d'entre eux voulant déposer une couronne sur la statue de Mgr Belsunce (1671-1755) - érigée à son effigie pour son courageux dévouement lors de la peste de 1720 à Marseille - il s'en suivit de vifs échauffourées avec les libres-penseurs venus s'y opposer. Le 1er juillet, le conseil municipal émit le vœu d’enlever la statue provocatrice, provoquant de nouveaux affrontements dans les rues du centre-ville et sur la Canebière. La troupe intervint pour disperser ceux qui essayaient de déboulonner la statue de Mgr Belsunce.

2« D'un grand cœur et d'une âme généreuse ».

3Mgr Dupanloup.

4Mgr Place venait d'être nommé (le 15 juin 1878) archevêque de Rennes en remplacement de Mgr Brossais-Saint-Marc décédé le 26 février 1878.

5Mgr Robert Louis Joseph (1819-1900), il sera nommé évêque de Marseille le 13 juin 1878. Ordonné prêtre en 1843, il avait été curé de Saint-Laurent de Viviers avant d'être le secrétaire particulier de Mgr Guibert, évêque de Viviers. Vicaire de Mgr Delcusy, le successeur de Mgr Guibert, il sera nommé évêque de Constantine en 1872.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 août 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 16/06/2021