CECI n'est pas EXECUTE 17 juillet 1879

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17 juillet 1879

Charles Chesnelong à Alfred de Falloux

Paris, le 17 juillet 1879

Monsieur le comte,

Je vous remercie de votre lettre si aimablement bienveillante. Venant de vous, un tel encouragement a pour moi le plus grand prix ; et malgré tout ce que je dois en laisser au compte de votre générosité, je retiens l'indulgence de votre sympathie au compte de ma reconnaissance.

Des deux amendements que j'ai soutenus dans la question des commissions de bienfaisance, en première délibération, il en est un qui devait être défendu par honneur, bien que sans espoir de succès ; c'est celui relatif à la présence du droit des curés et des ministres des autres cultes. Je l'ai soutenu de mon mieux et une minorité importante s'y est ralliée. Nous n'y reviendrons plus en deuxième délibération ; autant il était quand venant table et même nécessaire de ne pas laisser passer une telle exclusion sans protestation, autant nous devons à une cause aussi regrettable et à la dignité de ne pas aller pour elle au-devant d'un second témoignage de mauvais vouloir.

Quand à l'amendement pour le maintien de la présentation des candidats par les commissions, il est repris par M. Lambert Sainte-Croix1 ; et j'aurai l'honneur de lui communiquer votre lettre. Le fait de l'hospice Swetchine2, fondé par vous et par Monsieur le curé de Segré, rapproché du refus de vous appeler l'un et l'autre au conseil d'administration serait décisif si le parti pris ne présidait pas trop souvent à nos délibérations.

Vous savez pourtant le petit succès obtenu dans la nomination de la commission par les opposants à l'article 73. Ils ont obtenu cinq noms contre quatre. Le fait capital, c'est la position prise par M. Jules Simon qui a parlé du reste dans un bureau avec beaucoup d'élévation et plus de netteté qu'on n'en aurait attendue de lui. Il y a loin de la à un succès définitif. J'espère pourtant que nous gagnions au moins une année, adieu veuille que le temps soit pour nous !

On a jamais mieux senti le prix de ce que la grande œuvre de 18504 nous avait assuré. À vous, Monsieur le comte, la gloire principale de cette œuvre ; aux autres du jour, la responsabilité de sa destruction ! Les périls qu'elle court, les ruines qui nous menacent ne peuvent qu'accroître la reconnaissance de tous les hommes de foi et de bien pour l'immense service que vous rendîtes, en 1850, à l'Église et au Pays. Permettez-moi donc de joindre l'expression de ma reconnaissante admiration à l'hommage de mon respect.

Ch. Chesnelong

1Lambert de Sainte-Croix, Charles Louis Marie (1821-1889), homme politique. Représentant de l'Aude à l'Assemblée nationale du 8 février 1871 où il siégea au centre droit. Élu sénateur de l'Aude le 30 janvier 1876, il ne parviendra pas à conserver son siège lors du renouvellement triennal de 1885.

2Falloux était alors en conflit avec Mgr Freppel concernant ses projets d'agrandissement de l'Hospice Swetchine fondé à Segré en 1864 avec l'argent que lui procurait la vente de ses ouvrages sur Mme Swetchine.

3En discussion au Sénat à partir de janvier 1880, l'article 7 de la loi Ferry qui voulait interdire lenseignement aux congréganistes non autorisés fut vivement critiqué au nom de la liberté de l'enseignement. Le 22 février, son adoption sera repoussée par 148 sénateurs contre 129.

4Loi sur l'enseignement dite Loi Falloux. Autorisant les congrégations religieuses à ouvrir des écoles secondaires, elle supprimait de fait le monopôle de l’État sur l'enseignement.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «17 juillet 1879», correspondance-falloux [En ligne], 1879, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 15/03/2016