CECI n'est pas EXECUTE 12 janvier 1862

Année 1862 |

12 janvier 1862

Charles Eynard-Eynard à Alfred de Falloux

Beaulieu1 12 janvier 1862

Mon cher ami,

M. Naville a été très touché de votre lettre et y fera droit dès qu'il sera en état convenable ; pour le moment il s'est un peu fatigué la tête à des réunions philanthropiques formées dans le but de venir en aide à l'industrie horlogère, et il ne peut que charpenter et menuiser, mais il n'en pense pas moins sournoisement à rendre justice à Madame Swetchine et son éditeur. J'aurais voulu répondre moi même immédiatement à vos questions sur le voyage de Madame d'Edling2 à Paris, mais j'étais à Genève retenu par une indisposition de mon <mot illisible> qui nous a donné lieu à de l'inquiétude. Grâce à Dieu cela va mieux et j'ai pu le quitter pour venir vérifier ici l'objet de ma réclamation.

Voici le résultat de mon enquête consciencieuse.

Madame d'Edling arriva en Suisse en automne 1839, et à Genève au commencement de novembre. Elle en repartit le 11 pour Paris où elle habitat à l'hôtel d'Orient, rue Saint Dominique, 34.

Elle m'a écrit de Paris plusieurs lettres, 26 novembre, 13 décembre, 31 décembre (1839), 29 janvier (1840), 3 mars, 15 avril quelques jours avant son départ de Paris. Elle était jusqu'au 10 mai à Schaffhouse ; puis elle gagna Munich, Stuttgard et Ems d'où elle se rendit à Manzir3.

J'ai des lettres d'elle de Munich 22 mai, Ems 18 juin, Frankfort 1 août, Odessa 6 9bre, Manzir 13 9bre, etc. etc. Pendant toute l'année 41, elles sont datées de Manzir et d'Odessa. Le 12 février 1842, elle m'annonce la mort du comte d'Edling qu'elle n'avait pu accompagner en Allemagne. Elle demeure à Manzir jusqu'au 25 août 1842 ; elle en part pour Constantinople et rentre à Manzir le 13/25 novembre 1842. Dès lors jusqu'au 28 novembre 1843, date de sa dernière lettre, elles sont toutes datées d'Odessa.

Vous voyez, mon cher ami, il n'y a pas possibilité au voyage de Paris et à un séjour dans cette ville en 1842. Je serais bien heureux si ces quelques détails que vous pouvez accepter comme authentiques, vous étaient de quelque utilité pour une seconde édition.

Vos bonnes et affectueuses paroles nous vont bien nos cœurs je vous avoue et y trouve un écho très fidèle. Que Dieu vous garde et vous bénisse, bien cher ami, ainsi que tous les vôtres.

Pardon de la rapidité de ces lignes, je repars pour Genève mais je n'ai pas voulu vous faire attendre. Pardonnez-moi mes ratures et recevez de nouveau pour Albert [de Rességuier] et et moi mes bien tendre amitiés.

Recommandez moi au souvenir de vos dames, en leur présentant des respects.

Ch. Eynard Eynard4

Si vous pouvez commettre encore quelque erreur qui me donne l'occasion de m'employer pour vous, vous serez le plus aimable des amis.

1Ville du canton de Vaud, en Suisse.

2Edling, Roxandre d' (1786 -1844), comtesse, née Stourdza. D'origine grecque, demoiselle d'honneur de l'impératrice, elle fût une amie de jeunesse de Mme Swetchine. Ecrivain et philanthrope, elle avait créé à Odessa des orphelinats et des écoles pour les enfants de réfugiés victimes des guerres et des révolutions des Balkans. Elle avait épousé le comte Albert Cajetan Von Edling (1771-1841) en 1816. Falloux était en train de travailler à l'édition de sa correspondance avec Mme Swetchine.

3Ville de Bessarabie, aujourd'hui en Moldavie où se situent les terres de la comtesse d'Edling.

4Charles François Eynard-Eynard (1808-1876), historien suisse, un des fondateur de la Société d'histoire de Suisse Romane, il est l'auteur d'un ouvrage sur la Réforme en Italie (Lucques et les Burlamachi, 1848) et de plusieurs biographies dont celle de Mme Krüdener, une amie proche de la comtesse d'Edling et de Mme Swetchine.   


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «12 janvier 1862», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1862,mis à jour le : 20/11/2016