CECI n'est pas EXECUTE 29 décembre 1883

1883 |

29 décembre 1883

Alfred de Falloux à Pauline de Castellane

29 décembre 1883*

Chère Madame

Je vous souhaite la bonne année à vous, à Antoine et à Madeleine1, à Boni2, à Jean3, et à Biche4, à M. l’abbé Couvreux et à M. l’abbé Routaboul, à Melle Dubois5 et à M. Dubois, à Périgaud, à Guérin, et à tout leurs laborieux et bienfaisants camarades !

Ce devoir accompli, je vais tout à l’heure écrire à mon « chère blessé » dont je voudrais imiter la patience comme j’en imite l’orthographe et qui vient de m’écrire une charmante lettre.

Maintenant j’arrive aux matières religieuses. 1° vous devez trouver ci-incluse la lettre de Mgr Turinaz6 et je ne saurais vraiment vous indiquer une réponse, car je suis absolument fatigué de ce tonneau vide et percé que j’appellerai parlementairement le cabinet du cardinal Jacobini7. Tous s’y engouffrent sans s’y arrêter et sans y laisser de trace, et ce jeu dure depuis trop longtemps pour qu’on y prenne désormais plaisir. J’en prends davantage à vous envoyer deux Univers que vous devez recevoir en même temps que cette lettre.

Ce qu’il y a d’affreux, chère Madame, c’est que je suis absolument de l’avis d’Eugène Veuillot, sauf le respect, quand il se moque des gens à qui l’on ne peut tirer une pensée nette, une parole claire, ou qui vous renvoient simultanément d’un air d’oracle à l’évêque d’Orléans8 et à l’évêque de Poitiers9, il y a peu d’années, à Mgr Freppel ou à Mgr Turinaz aujourd’hui.

J’ai vu hier un instant M. de Soland, traversant Angers pour se rendre à la campagne et me promettant de revenir déjeuner avec moi après-demain lundi. Nous avons précipitamment parlé et nous reparlerons plus à l’aise lundi de l’archevêché de Tours, mais j’ai des raisons toutes angevines pour vous affirmer que le choix de l’évêque d’Arras10 est définitif. Ne vous en plaignez pas chère Madame, je vous en supplie, par le temps qui court.

A. de F.

 

*Archives nationales. Fonds Castellane.

 

 

1Madeleine de Castellane (1847-1934), née Leclerc de Juigné, son épouse.

2Boniface dit Boni de Castellane (1867-1932), fils aîné d'Antoine de Castellane.

3Jean de Castellane (1868-1948), fils cadet d’Antoine et de Madeleine de Castellane.

4Stanislas (1875-1959), dit « Biche », petit dernier d’Antoine et de Madeleine de Castellane.

5Secrétaire de Pauline de Castellane.

6Turinaz, Charles, François (1838-1918), évêque de Moutiers-Tarentaise depuis 1873, il sera nommé évêque de Nancy le 23 mars 1882.

7Lodovico Jacobini (1832-1887), nonce à Vienne depuis 1874, il avait été nommé cardinal en 1879, et venait d'être nommé secrétaire d'État. Il était peu favorable aux catholiques libéraux.

9Mgr Pie.

10Meignan Guillaume-René (1817-1896), collaborateur du Correspondant, il avait fondé avec Cochin, les premiers cercles d’ouvriers du Boulevard Montparnasse. Membre du clergé de Paris, l'un des rares représentants en France au milieu du XIX d'une exégèse progressiste, très lié au groupe catholique libéral du Correspondant. Évêque de Châlons sur Marne en 1864 membre de la Minorité au Concile Vatican I, il fut transféré à Arras en 1882. Succédant à Mgr Colet cardinal en 1893, il fut l'un des rares évêques français de l'époque soucieux de relever le niveau scientifique du clergé. Voir H. Boissonnot, Le cardinal Meignan, Paris, 1899.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «29 décembre 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 15/12/2019