Année 1850 |
11 décembre 1850
Xavier de Ravignan à Alfred de Falloux
11 décembre 1850
Mon cher vicomte, j’étais à Amiens, où je prêche les dimanches de l’Avent, quand votre ami M. de Bertou a bien voulu m’écrire le nouveau malheur qui vient d’atteindre votre cœur1. Je me suis uni devant Dieu à votre religieuse douleur ; et je lui ai demandé tout ce que vous pouvez désirer vous-même pour cet âme passée dans un monde meilleur et pour vous dont les forces et la santé nous sont tellement précieuses. Vous avez bien le signe qui doit marquer les amis de Dieu : les épreuves et les croix vous sont donnés en partage d’une manière toute spéciale ; nous savons du moins qu’elles sont accompagnées des grâces les plus abondantes. Il est bien vrai qu’il faut souffrir et toujours espérer. Nos vœux vous rappellent au milieu de nous où tant de raisons vous rendent nécessaire. La providence qui vous éprouve et vous inflige vous donnera aussi toutes les lumières que réclame votre mission en ce monde. Un jour vous aurez la récompense.
J’ai pensé que vous me permettriez ce petit mot de souvenirs et de cœur ; j’ai joint le plus tendre dévouement.
X. de Ravignan
1Falloux venait de perdre sa mère Loyde Philiberte de Fitte du Soucy née le 4 juillet 1784, décédée à l'âge de 66 ans.