1885 |
4 mai 1885
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Paris, 4 mai 1885, Veille de Saint Pie V1
Cher ami, Rodolphe Apponyi aidant, je suis disposé à reconnaître tous les inconvénients que vous trouvez, vous-même à la citation des lettres du comte de Chambord, soit dans le texte, soit en note, soit en pièces justificatives. Voici donc ce que je propose. Cela va-t-il paraître suffisant ?
J’arrêterai même la citation du passage de la lettre à Eugène V2. au mot désarmé. Sur lequel l’observation qui suit dans votre texte, porte mieux, ce me semble. M. Jardry ayant été passé son dimanche avec sa femme et son fils, nous ne reprendrons notre travail que demain matin, mardi.
Le pauvre Saint-Aignan3 est très très malade et aussi Madame de Molke née Subach4.
Madame de Castellane est un peu mieux. Le comte Potocki5 est arrivé.
Mille millions de tendresses.
Albert
Nous sommes encore en catéchisme retraite. Albert6 devant être confirmé après demain mercredi.
Page 402 Enfin très peu de jours avant sa dernière maladie, Monsieur le comte de Chambord a cru pouvoir placer lui-même ses erreurs sous le sceau de sa propre signature en écrivant, le 23 avril 1883 à Monsieur Eugène Veuillot au sujet de son frère Monsieur Louis Veuillot qui venait de mourir : « Je ne puis oublier, non plus, sa chaleureuse adhésion donnée à ma parole dans toutes les circonstances j’ai cru devoir élever la voix devant mon pays. Spécialement en 1873 alors que nous touchions au port quand les intrigues politiques moins soucieuses de correspondre aux vraies aspirations de la France que d’assurer le succès de combinaisons de parties, m’obligèrent à dissiper les équivoques en brisant les biens destinés à me réduire à l’impuissance d’un souverain désarmé »
page 403 pour souffler sur cette chimère très innocente chez les uns, très perfide chez les autres, il eut suffi de mettre en regard quatre des principales lettres politiques du prince, aussi différentes de fond et de tendance que de forme: 1° la lettre très libérale, écrite de Venise à Monsieur Berryer le 23 février 1851 ; 2° celle du 25 février 1857 à Monsieur le duc de Nemours7 en réponse à une demande d’accord sur diverses questions et notamment sur celle du drapeau (1) 3° Celle adressée au comte Albert de Mun en date du 19 mai 1875 et publiée pour la première fois par M. Henri de Pène8 (2) ; 4° celle à Monsieur Eugène Veuillot dont nous venons de citer le passage principal.
Cette dernière assurément ne jamais été écrit si ….etc comme au texte
(1) Monsieur le comte de Chambord, correspondance de 1841 à 1871 pages 111 et 166. Nouvelle édition chez Grosset et Tremblay à Genève, 1871.
La préface de Monsieur Léopold de Gaillard qui était en tête des premières éditions a été supprimé dans celle-ci.
(2) Henri de France par H. de Pène page 562.
1Après son livre sur Louis XVI, Falloux avait écrit un ouvrage sur le pape Pie V qui fut publié en avril 1844 sous le titre Vie de Saint Pie V.
2Eugène Veuillot (1818-1895), frère cadet de Louis Veuillot. Journaliste, rédacteur en chef du Mémorial de la Dordogne, puis du Journal du Maine-et-Loire, il rejoint ensuite son frère à L’Univers puis au Monde. Auteur de plusieurs ouvrages dont une biographie de son frère. Très hostile comme son frère à Falloux, il lui consacre un livre très polémiste Le comte de Falloux et ses Mémoires (1888).
3Victoire Edme Rousseau de Saint-Aignan (1837-1887).
4Sans doute Olga von Moltke (1832-1906).
5Potocki, Alfred (1822-1889), comte. Aristocrate autrichien, monarchiste, il fut Premier ministre. Son fils Roman (1851-1915) devint, le 16 juin 1885, l’époux d’Elisabeth Radziwill (1861-1950), fille de la princesse Radziwill, petite-fille de Pauline de Castellane.
6Son petit-fils, Albert Benoist d’Azy (1873-1897).
7Orléans, Louis d' (1814-1896) duc de Nemours.
8Henri de Pène (1830-1888), écrivain et journaliste français. Ardent royaliste, il collabora régulièrement au Gaulois.
