CECI n'est pas EXECUTE 11 septembre 1884

1884 |

11 septembre 1884

Théodore de la Rive à Alfred de Falloux

Château de Ballaison, près Douvaine (Hte Savoie), Jeudi, 11 septembre 1884

Monsieur le comte,

Veuillez me permettre de venir vous remercier de l’envoi que vous avez bien voulu me faire de votre article sur la vie1 de Mgr l’évêque d’Orléans. Je l’avais lu déjà, avec un très vif intérêt, dans le Correspondant2, je serais très heureux de le relire et de le conserver comme une preuve de la bienveillance que vous m’avez toujours si aimablement témoigné. Nous ne pouvons, en Suisse, et particulièrement à Genève, entrer dans les querelles de partis qui vous divisent si malheureusement en France. Nous sommes tenus ici à observer, entre les différentes fractions et diverses nuances du monde et de l’esprit catholique, une sorte de neutralité qui n’est certes pas une neutralité armée. Mais il ne nous est pas défendu d’avoir nos sympathies, nos préférences ; je puis bien affirmer que les miennes sont toutes du côté de l’école à laquelle vous appartenez. Lorsque l’on vit, comme nous au milieu des protestants ; lorsque, chaque jour on peut constater d’où proviennent au fond leurs rancunes, leurs ignorances ou leurs préjugés, on se rend trop clairement compte du tort que fond à l’Église ceux qui croient la servir en rétrécissant volontairement sa doctrine en réalité si large et en méconnaissant sciemment ses enseignements si charitables, pour ne pas déplorer de si funestes exagérations de pensée et ne pas condamner de si coupables violences de langage.

J’ai eu dernièrement à deux reprises le plaisir de voir, à Coppet3, M. l’abbé Lagrange, et de l’entendre parler de son livre et de votre article. J’avais vivement regretté de ne pouvoir, au mois de juillet accompagner mon ami M. l’abbé Carry4 à Évian, et vous rendre avec les visites, je me permets d’espérer que l’été prochain verra revenir de nouveau dans notre pays, et qu’il me sera possible de vous exprimer de vive voix les sentiments de reconnaissance et de dévouement dont je vous prie, Monsieur le comte, de bien vouloir agréer ici la sincère et très respectueuse assurance.

Théodore de la Rive5

1Mgr Dupanloup.

2Falloux avait publié un compte rendu du livre de l’abbé Lagrange consacré à Mgr Dupanloup qui fut repris dans le Correspondant du 10 août 1884.

3Commune suisse.

4Carry, Eugène (1853-1912), prêtre genevois.

5Théodore de La Rive ( 1855-1931), de famille protestante suisse, il s’était converti au catholicisme. Nommé professeur à l’Université de Fribourg, il se consacréa à l’histoire du catholicisme.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 septembre 1884», correspondance-falloux [En ligne], 1884, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 31/12/2020