CECI n'est pas EXECUTE 5 septembre 1867

Année 1867 |

5 septembre 1867

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

5 septembre 1867

Très cher ami,

Averti par l'évêque d'Orléans1 que je ferais bien de modifier une phrase, j'ai été au Journal de Bruxelles pour avoir de la sténographie une communication que l'on m'a formellement promise, mais que je n'ai pu tenir encore au moment où je vous écris. Ayant par ailleurs la nouvelle que je serai attaqué par le Bien public2 de Gand, j'ai voulu savoir au juste jusqu'où remontait le mécontentement. Je suis parti pour Malines et j'ai interrogé très franchement le cardinal qui m'a répondu avec beaucoup de sérénité « C’est du Bien public que l'on sera mécontent à Rome. Pour moi je ne comprends même pas à quel passage de votre discours l'on peut faire allusion » À la séance l'évêque de Namur3 qui a parfaitement bien parlé a introduit en toutes lettres l’éloge du commentaire de l'encyclique par l'évêque et cette phrase a été couverte de longs applaudissements. Tout le reste de la séance a été remarquablement intéressant, et l'évêque de Charleston4 a particulièrement remué tous les cœurs. Mais je n'ai pas le temps de vous en rendre compte. Je vais à l'instant même revoir mon épreuve au Journal de Bruxelles, puis retourner à Malines5 pour lequel je commence à me passionner tout à fait. Ma tête est mieux qu’hier, quoique ma nuit soit loin d'avoir été bonne. Demain, si je vis encore, je ne manquerai pas le père Hyacinthe que je n'ai jamais entendu ; mais ce sera ma dernière séance. Par conséquent, cher ami, si vous désirez n'importe quoi de moi, ne manquait pas de me le faire parvenir soit par la poste ici, soit par un exprès à Malines. J'ai de meilleures nouvelles de Madame de Caradeuc6 qui cependant s'opposent encore à Anvers. J'ai bien cherché hier Mgr de Mérode7 pour avoir de vos nouvelles. J'espère qu'il va m'en apporter aujourd'hui et de bonnes. Au revoir, revoir.

Falloux

 

2Journal catholoque belge ultramontain.

3Dechamps, Victor Auguste Isidore (1810-1883), prélat belge. Entré dans les ordres chez les Rédemptoristes, il devint évêque de Namur en 1865, puis archevêque de Malines en 1878.

4Patrick Lynch, évêque de Charleston, en Caroline du Sud de 1857 à 1882.

5Falloux et Montalembert s’étaient rendu au Conbgrés catholique de Malines, en Belgique, où ils avaient prononcé l’un et l’autre un discours.

6Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), belle-mère de Falloux.

7Mérode, Frédéric François Xavier de (1820-1874), frère de Mme de Montalembert, officier dans l'armée belge, il entra ensuite dans les ordres, puis devint camérier secret de Pie IX. Devenu par la suite son pro-ministre des Armées, il mit sur pied l'armée pontificale (1860). Il était peu favorable aux catholiques libéraux mais conserva des rapports d’affection avec Montalembert. On lui attribuait une grande influence sur les relations du pape avec le gouvernement français. En octobre 1865, il fit agréer au pape sa démission. En juin 1866, il sera nommé archevêque in partibus de Mitylène.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 septembre 1867», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1867,mis à jour le : 15/04/2021