CECI n'est pas EXECUTE 11 septembre 1867

Année 1867 |

11 septembre 1867

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

Paris, le 11 septembre 1867

Très cher ami,

J'ai trouvé Lavedan parfaitement disposé pour le père Hyacinthe à qu'il avait déjà écrit et très sincèrement, très chaudement heureux de la façon dont votre nom avait dominé et caractérisé tout le congrès. Il avait reçu une lettre de vous qui l'eut fort embarrassé si déjà les journaux français n'avaient tranché les questions en prenant les devants de la publicité.

Je vous supplie, cher ami, de ne pas insister pour les modifications que vous désiriez dans le Correspondant, d'abord, soyez bien sûrs qu'entre les institutions libres et les institutions libérales, entre les idées nouvelles et les progrès modernes, il est impossible à personne de découvrir une différence. Mais, il y aurait dans votre rectification un inconvénient qui vous frappera tout de suite parce qu'il toucherait à la loyauté. Nous avons fait sanctionner très vivement votre lettre par les applaudissements de tout le congrès. Aujourd'hui, si nous faisions le moindre changement même inoffensif, on nous accuserait certainement d'avoir extorqué cette sanction, de vous être un peu diminué dans l'expression de notre pensée devant nos auditions, puis d'avoir donné au public une expression plus accentuée que celle qu'il avait applaudi. Tout cela sentirait le tripotage et en vérité n'en vaudrait pas la peine, car, je ne puis assez vous le répéter, votre lettre telle qu'elle a été lue et imprimée, a été jugé partout et par tous un chef-d'œuvre de fermeté modérée et de persistance sans bravade.

Laissez donc votre propre succès et le nôtre dans son intégrité, jouissez-en en vous-même comme tout vos amis en jouissent pour vous et soignez encore plus votre santé que vos adjectifs d'ici à ce que la pleine action vous soit rendue, ce qui, grâce à Dieu ne tardera pas.

Lavedan vous a écrit que très probablement le discours de l'évêque d'Orléans1, allez paraître en brochure et par conséquent ne réclamerait pas de place dans le Correspondant. En ce qui me concerne, je l'ai laissé libre d'agir absolument comme il voudrait et comme il le jugerait utile.

Ma pauvre femme a été tout à fait souffrante à Louvain2 et je ne la verrai arriver que ce soir. Demain, si elles n'est pas trop fatiguée nous partons pour Rochecotte sinon après-demain.

Les Noailles et la Ferté3 sont ici autour du pauvre petit garçon de trois ans du duc D’Ayen dont on désespérait absolument hier au soir. Je n'ai vu personne à Paris très désert sauf ces malheureux désolés qui font grande compassion.

Mille tendresses du fond de l'âme, bien cher ami.

Falloux

1Mgr Dupanloup.

2Louvain, ville de Belgique. Le 3 septembre 1867, Falloux avait prononcé un important discours sur la situation en Italie au Congrès des catholiques à Malines, en Belgique, non loin de Louvain.

3La Ferté-Meung, Hubert Jacques Antoine Ferdinand marquis de (1805-1884) et son épouse Clotilde, 1810-1872), la fille du comte Molé.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 septembre 1867», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1867,mis à jour le : 15/04/2021