1874 |
28 mars 1874
Léon Cornudet à Alfred de Falloux
Paris, 102, rue de Rennes, 28 mars 1874
Monsieur le comte,
Ce n’est pas tout à fait ma faute si l’envoi du buste qui vous était destiné s’est fait un peu attendre. M. Chapu1 a bien voulu le retoucher pour qu’il vous arrive la meilleur et plus ressemblant. J’espère qu’il n’aura aucun accident de route ; je viens de le faire mettre au chemin de fer.
Je fais imprimer avec le plus de soin possible votre allocution à Madame de Montalembert. Il lui sera précieux de la conserver comme à nous tous d’en posséder un exemplaire. Elle rend avec tant de délicatesse de charme les sentiments de ceux qui s’étaient réunis pour cet hommage à la pure et grande mémoire de notre ami ! Combien je vous remercie encore, Monsieur le comte, d’avoir bien voulu vous rendre notre interprète ! Vous seul pouviez le faire dignement. Hélas ! Ce sont bien éclaircis de cette incomparable phalange dont Montalembert et Lacordaire ont été les chefs glorieux, aujourd’hui trop méconnus. Vous avez dû être satisfaits de la réponse de l’abbé Lagrange. Si celui auquel elle est adressée était moins haineux, quelle devrait être sa confusion et son remords en lisant ce touchant et édifiant récit ! Mais elle n’est que trop vraie, cette parole de Bossuet citée à propos par l’abbé Lagrange : « on forme sa conscience au gré de ses passions. »
J’aurai l’honneur dans quelques jours de vous envoyer l’épreuve de votre allocution, en vous priant de bien vouloir la corriger et me la renvoyer.
Veuillez, Monsieur le comte, agréer l’hommage de mon plus dévoué respect.
Léon Cornudet
P.S. ne sachant pas s’il y a une correspondance allant jusque chez vous, j’ai adressé la petite caisse à Segré Bureau restant.
1Chapu, Henri (1833-1891), sculpteur.
