1879 |
28 novembre 1879
Augustin David à Alfred de Falloux
Saint-Brieuc, 28 novembre 1879
Monsieur le Comte,
J’ai rarement lu des pages plus belles que celles que vous venez d’écrire dans le Correspondant. Tout s’y trouve : l’élévation de la pensée, la parfaite justesse de l’appréciation de l’énergie et la mesure, tout ce qui nous sauverait, ce dont nous sommes si déshabitués. Jamais les idées n’ont été plus prises à rebours qu’à l’heure qu’il est. L’école extrême1, dont vous avez prés de vous de si beaux échantillons2 a une grande part dans nos maux. Quelle belle victoire on a obtenu, en persuadant à notre siècle que l’Église se défie de la raison humaine, qu’elle tient pour peu de choses le progrès, et qu’elle ne veut que pour elle la liberté ! On les a pris au mot.
Je fais passer à une personne très intelligente de Saint-Brieuc un peu travaillée par certains doutes, la Défense3. Laissez-moi vous faire passer aussi, en vous priant de la déchirer, le commencement de la lettre. Ces éloges si spontanées ont leur prix.
J’ai un vieux remerciement en retard : l’envoi de votre belle brochure Mgr Dupanloup. J’étais à Rome quand elle m’est arrivée, et je doutais qu’elle vint de vous, quand j’ai lu récemment une souscription bienveillante.
Agréez, Monsieur le comte, ma plus haute considération.
Aug. Évêque de Saint-Brieuc4
1Allusion est fite ici aux catholiques intransigeants et aux « veuillotistes ».
3La Défense sociale et religieuse, périodique créé à l’initiative de Mgr Dupanloup.
4Augustin David (1812-1882), prêtre en 1836, il était entré pour quelques mois chez les Chartreux avant d'être nommé vicaire général de Mgr Lyonnet à Valence.Il avait été nommé évêque de Saint-Brieuc et Tréguier en 1862.
