CECI n'est pas EXECUTE 4 janvier 1867

Année 1867 |

4 janvier 1867

Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury à Alfred de Falloux

Paris, Passy le 4 janvier 1867

Monsieur très honoré confrère,

Vous aurez excusé, j’en suis sûr, le temps que j’ai mis à vous remercier d’un souvenir, dont l’intention était aussi flatteuse pour moi que l’effet m’en a été agréable. J’ai lu votre éloquente brochure. Tout le monde ne l’a peut-être pas lu avec autant de plaisir que moi. Tant pis pour ceux qu’elle contrarie ! Les événements hélas ! leur procurent et leur préparent de bien autres contradictions! Les prédire n’est presque plus un mérite ; les prévoir est une obligation de patriotisme, auquel vous donnez plus d’une leçon, - à ce patriotisme surtout qu’une si étrange métamorphose a fait prussien -. comme vous restez français, Monsieur « ense et aratro1 » également fidèle aux intérêts du sol et à ceux de l’esprit, à la nationalité et à la grandeur de votre pays ! La duperie du cosmopolitisme contemporain aboutit à de sanglantes batailles. Je suis en train de ne plus tant aimer le genre humain, depuis que, pour l’aimer tant, il faut lui passer tout ce qui nous blesse ou nous menace. Votre brochure nous ramène à la vraie mesure. Je vous remercie sincèrement de m’avoir compté au nombre de ceux qui sauraient la lire avec fruit ; et si je ne vous ai pas exprimé plus tôt ma gratitude, c(est que je sors d’une série d’afflictions, d’une complication d’affaires et d’une suite de travaux qui ne m’ont laissé ni liberté d’esprit ni vrais loisirs. Il en faut pour se livrer sans partage au plaisir de converser avec vous. Vous mettez en commun, dans ces utiles relations, non seulement vos écrits inspirés par de si saines pensées, mais les Méditations et les Pensées dont un recueil nouveau vient de m’être adressé en votre nom. J’y ai retrouvé, avec gratitude et respect, celui de votre illustre amie2.

Veuillez, Monsieur et cher confrère, croire à ses sentiments pour elle et pour vous, et permettez-moi d’y joindre mes très humbles vœux, inspirés par une sincère reconnaissance et un entier dévouement.

Cuvillier-Fleury

1Par le fer et par la charrue » (devise du maréchal Bugeaud, colonisateur de l'Algérie).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «4 janvier 1867», correspondance-falloux [En ligne], Année 1867, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire,mis à jour le : 07/06/2021