Année 1856 |
24 avril 1856
Théophile Foisset à Alfred de Falloux
24 avril 1856
Monsieur,
J'arrive après tous les autres, comme un provincial attardé, mais nul ne vous aura fait un compliment plus joyeux et plus sincère.
Vous voulez bien que je vous dise comme <mot illisible> à Clovis « Quand vous gagnez une bataille, la victoire est nôtre »
C'est bien une victoire en effet que cette élection si disputée1 : la victoire des intelligences et des cœurs élevés sur toutes les petitesses coalisées, La victoire surtout de l'esprit de réconciliation sur l'esprit de haine. Car enfin (on peut se le dire entre catholiques) il y a quelque part un personnage dont le monde est convenu de parler le moins possible, mais qui n'en tient pas moins partout sa large place : c'est celui que l'Évangile nomme justement « le prince de ce monde », prince qui ne donne jamais sa démission il nous l'a bien fait savoir jeudi. Or le prince en question, c'est l'esprit de haine en personne. On voudrait nous persuader que Sa M. est rentrée dans ses appartements : je ne vois point cela. Pour ma part. Je suis tenté bien plutôt de crier vers Dieu avec David : Sus eu, Domino, esquoque ? Mais pourtant Dieu ne laisse pas toujours battre ses serviteurs et je l’en bénis de toute mon âme.
Agréez, je vous prie, Monsieur les félicitations biens vives d'un homme qui n'a jamais flatté personne et qui, dès le jour où il lui fut donné de vous rencontrer chez Mgr Dupanloup au printemps 1847, vous est resté profondément attaché.
Foisset
1Sans doute l’élection de Falloux à l’Académie française le 10 avril 1856.
