Année 1859 |
23 décembre 1859
Lucien-Anatole Prosper de Barante à Alfred de Falloux
23 décembre 1859
Monsieur le comte et cher confrère,
Je vous remercie d’avoir pensé au plaisir que j’aurais le volume que vous venez de publier sur Madame Swetchine1. Je me suis souvent reproché de ne pas avoir connu comme vous une personne qui avait tant de distinction et d’attrait. Elle m’avait accueilli avec bienveillance mais je n’étais pas un de ses habitués et je le regrette. Il est vrai que voilà bientôt trois ans que je vis loin de Paris ; c’est à Vichy que je lui ai fait ma dernière visite. Il y a dans le premier volume un morceau qui commence par ces mots : « Ce salon n’était pas un étroit concile… » que j’ai lu et relu avec un extrême plaisir où vous dites avec autant de finesse que de sentiment tout ce qui faisait le charme, la distinction et l’autorité de Madame Swetchine. On dira peut-être que cette peinture est plus idéale que réelle, mais je pense, je crois que c’est <deux mots illisibles> qu’un portrait idéal est plus ressemblant qu’une photographie. Les maximes et divers fragments que vous publiez sont les pieuses justifications de votre jugement.
Je suppose que vous êtes dans votre beau pays d’Anjou vous aurez moins de neige de glace que dans notre Auvergne j’espère que je vous reverrai à Paris lorsque j’y viendrai dans deux mois. Croyez, je vous prie, Monsieur le comte et cher confrère, à mon sincère attachement et à ma haute considération.
Barante
1Il s'agit de la biographie de Madame que Falloux s’apprêtait à publier, Mme Swetchine, sa vie et ses œuvres, Vaton, 2 vols., Paris, 1860.
