Année 1861 |
28 novembre 1861
Alphonse Gratry à Marie de Falloux
Paris, ce 28 novembre 1861
Madame, je cherche en vain à m’expliquer comment j’ai fait pour rester si longtemps sans écrire à Monsieur de Falloux. C’est un fait, fâcheux pour moi, mais dont la cause m’échappe absolument. Et maintenant me voici réveillé au cœur par le bien aimable envoi les lettres de Madame Swetchine dont je viens de relire la charmante préface, si gracieusement, si obliquement écrite.
Oh ! Que j’ai été tenté dans ces derniers temps, de me réfugier pour quelques semaines au Bourg d’Iré, avec mon cher Hilaire de Lacombe, en prenant, en passant, Madame de Castellane. Mais j’ai à travailler et à prêcher, et je ne mentionne ces tentations que pour bien faire connaître toute l’étendue de ma vertu. Je travaille, j’écris avec une joie profonde et croissante un commentaire ou plutôt des méditations sur Saint Mathieu.
Partagez-moi, Madame, près de Monsieur de Falloux, à qui bientôt je demanderai sa voix pour entrer à l’académie, et pour avoir le grand honneur de faire l’éloge du père Lacordaire, et de dire les choses qu’il faut dire, et qui ce semble, doivent être dites par un prêtre. Et je fais à Monsieur de Falloux cette demande en toute confiance ; très certain que, s’il n’a pas de bonnes raisons pour agir autrement il me donnera sa voix.
Je prie notre seigneur, Madame, de vous bénir abondamment vous et tous les vôtres.
A. Gratry
Prêtre de l’Oratoire de l’Immaculée Conception
34 ru Barbet de Jouy
