Année 1864 |
24 mars 1864
Edmond Camus de La Guibourgère à Alfred de Falloux
Nantes, 24 mars 1864
Monsieur le comte,
Aussitôt la réception de votre lettre je suis allé voir Mgr à sa petite campagne. Il venait de recevoir la correspondance du père Lacordaire et de Madame Swetchine et en avait déjà commencé la lecture, je n’ai pas besoin de vous dire avec quel intérêt ! Il se promettait bien, après avoir pris connaissance de ce volume, de vous remercier lui-même de votre gracieux envoi.
J’ai trouvé Mgr indigné des hostilités haineuses qui ont commencé si tôt à se faire jour : il venait de lire dans le Monde un article où incidemment on trouvait moyen d’attaquer le père Lacordaire. L’évêché de Nantes vous ne pouvez en douter, vous a une grande reconnaissance de tout ce que vous faites et ferez pour cette grande mémoire qui nous est si chère. Hélas ! Pourquoi faut-il qu’en notre France tous les dissentiments existent et qu’ils prennent toujours le langage de la passion !
Monsieur l’abbé Richard1 est bien sensible à votre souvenir. Notre vénérable évêque va certainement mieux, mais il reste sans voix, quoi qu’il garde un silence pour ainsi dire absolue. Nous nous réjouissons de voir qu’il a traversé sans être trop éprouvé, ce long hiver et ce mois de mars qui lui a été plus d’une fois fatal.
Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de mon respect et de mes sentiments les plus distingués.
De La Guibourgère
abbé Camus
1Richard, François Marie Benjamin (1819-1908), coadjuteur de Mgr Guibert. Ordonné prêtre en 1845, vicaire général du diocèse de Nantes en 1850 ; il sera nommé évêque de Belley en 1871, puis de 1875 à 1885 coadjuteur du cardinal Guibert auquel il succédera le 8 juillet 1886. Gallican, il avait peu à peu évolué vers un ultramontanisme modéré.
