CECI n'est pas EXECUTE 30 avril 1867

Année 1867 |

30 avril 1867

Alphonse Gratry à Alfred de Falloux

Mardi, 30 avril 1867

Cher Monsieur, j’ai dit ce matin à Monsieur Thiers que Mgr l’évêque d’Orléans1, me paraissait bien disposé en faveur de Monsieur Jules Favre2, et non éloigné de favoriser la retraite de Monsieur de Champagny3. Mais, après avoir vu ce matin Mgr l’évêque d’Orléans, je maintiens, il est vrai, l’existence de ses bonnes dispositions personnelles en faveur de Monsieur Jules Favre mais non plus du tout (pour le moment) sa propension à faire retirer Monsieur de Champagny. Mgr l’évêque d’Orléans m’a dit que Monsieur de Champagny retirait expressément sa demande pour le fauteuil de Monsieur de Barante4 et refusait de me faire concurrence, mais qu’il maintenait très vivement cette demande pour le fauteuil de Monsieur Cousin et qu’il croyait avoir beaucoup de voix.

Voilà ce que la loyauté m’oblige de faire savoir, avant l’élection, à Monsieur Thiers, et je vous demande, cher Monsieur, de vouloir bien le lui dire de ma part tout à l’heure à l’académie ?

Votre bien respectueusement dévoué et reconnaissant pour tant de bonté.

A. Gratry

2Favre, Jules (1809-1880), avocat et homme politique. Il devint vite l’un des chefs les plus célèbres du Barreau de Paris, principalement dans les affaires politique. Ardent républicain, il fut secrétaire général au ministère de l’Intérieur, en 1848, sous Ledru-Rollin. Élu lors des élections partielles de 1858, il devint l’un des chefs de l’opposition républicaine au Corps Législatif. Avec quatre autres républicains (Ollivier, Darimon, Hénon, Picard), il forma, à partir de la session de 1859, le groupe dit des Cinq, opposition majeure à l’empire autoritaire jusqu’en 1863. Il fut réélu en 1863. Après la chute de l’Empire, il se vit confier le poste de ministre des Affaires étrangères ; il se chargea d’organiser la résistance aux Prussiens et négocia un traité de paix.

3Champagny, François-Joseph-Marie-Thérèse Nompère, dit Franz, comte de (1804-1882), écrivain ultra-catholique. Il fut le collaborateur de l’ancien comme du nouveau Correspondant, de L’Ami de la Religion et de la Revue contemporaine.

4Prosper, Amable Brugière, baron de Barante (1782-1866), historien et homme politique. Préfet sous l'Empire, conseiller d’État sous la Restauration, il sera nommé pair de France en 1819. Élu député du Puy-de-Dôme dés le début de la Restauration il était un des principaux orateurs du parti des Doctrinaires. Devenu diplomate en 1820, il accueillera avec bienveillance l'avènement de la monarchie de Juillet apportant constamment son soutien à la majorité ministérielle. Définitivement éloigné de la scène politique après la révolution de 1848, il consacre son temps à l'écriture. On lui doit en effet de très nombreux travaux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «30 avril 1867», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1867,mis à jour le : 25/08/2022