CECI n'est pas EXECUTE 2 janvier 1867

Année 1867 |

2 janvier 1867

Jules Janin à Alfred de Falloux

Passy (Paris), 2 janvier 1867

O grand esprit, facile à vous mentir !

Si les seigneurs de profession savaient à quel point vous êtes vulnérables, ils vous feraient mourir à coup d’épingles. Mais, rassurez-vous, ce n’est pas moi qui dirait le triste secret au fameux Granier Cassagnac1. Eh bien, plus j’y songe, et plus je suis convaincu de la parfaite utilité du mépris. Sitôt que l’on se trouve envahi par ces fanges méotites [sic], ces messieurs on voulu, tout simplement, je vous le répète, une lettre de Monsieur le comte de Falloux pour s’en faire un prospectus et Monsieur le comte de Falloux aurait le plus grand tort d’inscrire son nom sur les pages volantes de ces portes mousquet.

Quant à votre objection d’une collection permanente de ce quasi journal, permettez-moi de n’y pas répondre. On n’a jamais vu, l’on ne verra jamais, les mousquetaires en volume, et si par hasard, cela se voyait, où donc trouver le lecteur ? Disons mieux, je suppose une collection entre les mains d’un lecteur, qui donc <mot illisible> que le lecteur lirait ces Pensées, et reconnaîtrait les pensées empruntées à la grande et fière catholique ? On n’ira pas la chercher, croyez moi, dans le corps de garde où Monsieur d’Artagnan fume la pipe à côté de son ami Porthos.

Il y a dans tout ceci, un tas d’impossibilité qui sauteraient aux yeux les moins attentifs.

Ma chère femme (une clairvoyante) est tout à fait de mon avis. Je vous dirais même, en secret, qu’elle a quelque fois levé l’épaule à l’idée que quelqu’un pourrait croire, que Monsieur de Falloux a tenté de parlé à Madame Swetchine, avec les plumes d’Alexandre et Compagnie.

Enfin, pour parler <mot illisible> je vous donne ici ma parole d’homme que ces misères ne valaient pas un <mot illisible>. Jetez le mousquetaire au feu ; il n’aura jamais vu le feu de si près.

Agréez cependant, cher Maître, que le secrétaire2 et l’homme ici dictant, vous présentent leurs meilleures déférences.

Jules Janin

1Cassagnac, Paul-Adolphe-Marie de Granier de (1808-1880), écrivain, historien et homme politique français. Partisan de la dynastie d’Orléans sous la monarchie de Juillet. Bonapartiste extrême sous la Seconde République, il applaudit au coup d’état et soutint Napoléon III par son activité littéraire. Il fut membre du Corps législatif. Il avait fondé, en 1849, le quotidien Le Pays, devenu l'organe du parti bonapartiste.

2Jules Janin avait fut un des nombreux secrétaires de Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «2 janvier 1867», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1867,mis à jour le : 26/08/2022