Année 1857 |
14 septembre 1857
Marie Caroline de Hamilton à Alfred de Falloux
14 septembre [1857]
C’est le cœur navré de douleur que je viens de lire votre lettre Monsieur le Comte. Comment vous remercier de la pensée que vous avez bien voulu m’accorder dans un moment aussi cruel pour vous, qu’il l’est pour tous ceux qui ont eu le bonheur de connaître celle1 que nous pleurons. Je ne pourrai jamais me consoler d’avoir perdue cette amie, si sainte, si adorable. Sa perte sera pour moi un vide que l’on ne saura remplir dans cette vie ! Et de ne l’avoir plus revue, de n’avoir point reçu sa dernière bénédiction, me rend inconsolable ! On m’avait donné l’espoir de la retrouver encore au mois d’octobre, je demandais à Dieu tous les jours de me faire cette grâce, il en a été autrement aussi, suis-je moins résignée que je ne devrais l’être, en apprenant cette cruelle nouvelle !
Laissez-moi vous dire encore une fois, Monsieur le Comte, combien j‘ai été comblée de votre souvenir dans ce triste moment, et vous remercier d’avoir compris toute l’étendue de ma douleur !
J’ose vous adresser une prière, c’est de m’envoyer des cheveux de Mme Swetchine, je serai si heureuse d’en avoir ; ils me porteront bonheur et ne me quitteront jamais. Le bénitier que sa chère affection pour moi, m’a destiné, je vous demanderai de le laisser au P. de Ravignan qui me le donnera au mois d’octobre à mon passage par Paris. J’écrirai à ma mère que vous avez bien voulu penser à elle. Elle a eu le bonheur de connaître Mme de Swetchine, trop peu malheureusement, mais dans ces peu de moments elle a su apprécier cette âme si sainte, si éminente et si incomparable.
Agréez, je vous prie, Monsieur l’expression de mes sentiments les plus distingués.
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Duchesse de Hamilton2
1Sophie Swetchine venait de mourir.
2Marie Amélie Élisabeth Caroline de Bade (1817-1788), une des nombreuses correspondantes de Sophie Swetchine.
