CECI n'est pas EXECUTE 24 novembre 1873

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24 novembre 1873

Elme Caro à Alfred de Falloux

Paris, 9 rue Thénard, 24 novembre 1873

Monsieur le comte,

Sur les instances de plusieurs de mes amis, qui ont l’honneur d’être des vôtres, je pose ma candidature à l’Académie française, pour un des trois fauteuils vacants, ceux de MM. Saint-Marc Girardin1, Vitet, Lebrun2.

Il y a cinq ans, presque jour pour jour, un de vos plus illustres confrères me faisait venir chez lui et me disait «Mgr d’Orléans et moi nous avons résolu de poser votre candidature à l’académie, et nous la ferons réussir. Y consentez-vous ? » c’était M. Berryer qui me parlait ainsi, et ce qu’il m’offrait, c’était le rêve de ma vie ».

Je fus obligé de refuser. J’étais alors candidat à l’Académie des sciences morale et politique et mon élection était assurée. Je refusais, mais j’avais le cœur brisé.

L’occasion s’offre plus belle, m’assure-t-on, aujourd’hui que jamais. Mais, elle ne peut m’être décidément favorable que si un puissant concours, tel que le vôtre, pouvait m’être accordé et suppléer à celui de M. Berryer qui hélas ! me manquera.

Celui de Mgr d’Orléans m’est acquis et il m’avait écrit, dès la fin du mois d’août dernier, au premier bruit de ma candidature, «  que le succès de cette candidature a toujours été l’un de ses plus désire et serait une vraie consolation pour lui ».

Si à un pareil encouragement je pouvais joindre le vôtre, Monsieur le comte, je m’estimerais heureux. Jamais les doctrines spiritualistes et l’idée religieuse n’ont été un plus grand péril, même à l’académie, et peut-être pensez-vous qu’un humble coopérateur n’est pas à dédaigner dans cette grande œuvre de réparation philosophique et de défense sociale.

Daignez agréer, Monsieur le comte, l’hommage de mes sentiments respectueusement dévoués.

E. Caro

Membre de l’Académie des Sciences morales et politiques. Professeur de philosophie à la Faculté des Lettres.

1Marc Girardin, dit Saint-Marc Girardin (1801-1873), professeur, écrivain et homme politique. Député sous la monarchie de Juillet (1834) sous la Seconde république, en 1848, il avait été élu à l'Assemblée nationale du 8 février 1871. Conseiller d'état, il fut ministre de l'Instruction publique sous la monarchie de Juillet, de 1845 à 1848. Collaborateur de la Revue des deux mondes, il était membre de l'Académie française depuis 1844.

2Lebrun, Pierre-Antoine (1785-1873), poète et auteur dramatique, il avait été élu à l'Académie française en 1828 et nommé sénateur sous le Second Empire, en 1853.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 novembre 1873», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1873,mis à jour le : 22/06/2023