CECI n'est pas EXECUTE 5 février 1874

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5 février 1874

Léopold de Gaillard à Alfred de Falloux

Paris 5 février 1874

Cher Monsieur de Falloux,

Ne craignez rien, je vous prie du moins pour cette fois, de l’article de Monsieur l’abbé Lagrange. Nous nous sommes engagés à ne rien dire jusqu’au jour où l’Univers reparaîtra, et, sauf incident nouveau dont j’aurai soin de vous rendre compte, nous resterons muet d’ici là. L’abbé Lagrange m’est arrivé l’autre soir au sortir de chez vous me disant que décidément sa seconde manière n’était pas la bonne, que vous la lui aviez démontré sans réplique et que Monsieur le comte de Chambord n’avait heureusement rien à voir et rien à dire dans ce différend. Là-dessus, il me remit un paquet moitié imprimé, moitié manuscrit que je me hâtai de faire porter à l’imprimerie. C’est ce fatras que vous avez reçu. Vous avez droit absolu et reconnu entre l’auteur et moi, de le réduire, de le coordonner, de le sabrer et de remplacer par un peu de bonne prose les phrases d’homélie de Monsieur l’abbé. Usez largement de ce droit, je vous le demande en grâce. Plutôt que de laisser passer l’article tel qu’il est, je préférerais en prendre la substance et la signature et les encadrer dans un commentaire personnel. Il n’y a qu’un point sur lequel, cher Monsieur, votre appréciation me paraît se dégager trop lestement de la pièce principale du débat je veux dire l’inscription. C’est là un fait que nous pouvons sans doute interpréter mais non pas contredire. Elle fait connaître le but et le sens intime de cette commission collective ; et comme il n’y est nullement question de la santé de Montalembert mais seulement de l’Église libre dans la patrie libre ; Il faut accepter sans l’altérer cette religieuse et patriotique intention. Tout effort pour sortir des termes et du vrai sens de l’inscription semblerait une reculade et serait tourné contre nous.

Rien d’ailleurs ne paraîtra, je vous le répète, sans votre vu et approuvé. La question est absolument vôtre. Votre absence vendredi dernier et surtout son motif ont sensiblement refroidi notre petite réunion d’intime chez Madame de Montalembert1. Votre discours si simple et si expressif a fait couler bien des larmes. Je suis heureux d’apprendre que la santé de Madame de Caradeuc2 a cessé de vous donner des alarmes et je vous prie bien de me permettre d’en féliciter Madame de Falloux et vous-même. Adieu, cher Monsieur, et croyez, je vous prie, à mon plus entier et plus affectueux dévouement.

Léopold de Gaillard

1Marie-Anne Henriette dite Anna de Montalembert, née de Mérode (1818-1904), veuve de Charles de Montalembert avec qui elle s'était mariée en 1836.

2Emilie-Marie-Charlotte de Caradeuc, née de Martel (1801-1882), belle-mère d'Alfred de Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 février 1874», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1874,mis à jour le : 31/10/2022