CECI n'est pas EXECUTE 15 octobre 1878

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15 octobre 1878

Edouard de Fitz-James à Alfred de Falloux

Valleroy (Calvados), 15 octobre 1878

Mon cher Falloux ,

Je suis bien en retard avec vous. J’ai été très touché cependant de votre bonne lettre et de vos paroles si affectueuses pour moi au comice de Segré. Je pensais partir chaque jour pour la Lorie1 et vous remerciez de vive voix au Bourg d'Iré. J’ai été retenu à Paris par une indisposition assez sérieuse de ma mère. Elle est bien maintenant mais en convalescence seulement. Je suis ici depuis deux jours, je compte y passer la semaine et venir en Anjou. Je viens d’apprendre la mort de Mgr Dupanloup2 ! Quel malheur ! Il faut s’incliner devant la providence. Mais vraiment c’est bien dur dans les circonstances où nous sommes devoir cesser de battre un cœur comme celui-là, c’est un dans une lumière si nécessaire cesser de retentir une si éloquente parole. J’ai pensé tout de suite au profond chagrin que vous alliez ressentir de cette perte et j’ai voulu vous dire qu’en l’apprenant j’ai pensé tout de suite à vous. Je voudrais qu’en présence de ce vide si immense dans nos rangs vous fassiez de nouveaux efforts pour redescendre dans l’arène politique car en vérité il ne reste plus personne pour défendre dans la nôtre que je crois seule bonne, tout ce que nous aimons. Je désire pouvoir sur la brèche avec la même conviction que j’ai toujours gardé et que je garde toujours que vous êtes notre meilleur champion. C’est que le public ne vous a pas compris3 et a vu dans votre lettre des attaques qui, je le sais, sont loin de votre cœur. Je vous l’ai dit souvent ; à la campagne loin de la foule vous ne pouvez pas prendre la mesure exacte des choses que vous savez si bien prendre quand vous vous trouvez dans la situation voulue. Je n’attribue votre lettre qu’à votre isolement. Vous prendrez je vous le demande mes observations avec l’affection que je vous remercie de me si bien conserver et que je vous rends bien. Soyez l’interprète de mes très affectueux hommages auprès de ces dames.

Duc de Fitz-James

 

1Château de la Lorie, commune de La Chapelle-sur-Oudon, près de Segré, propriété des Fitz-James.

2L’évêque était mort le 11 octobre.

3Allusion à la lettre que Falloux fit publier (anonymement) dans L’Union de l’Ouest du 18 septembre dans laquelle Falloux tenait des propos très virulents contre le discours d’A. De Munà Chartres au cours duquel celui-ci avait invité les catholiques à s’engager derrière la bannière de la « Contre-révolution ».


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 octobre 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 22/11/2022