CECI n'est pas EXECUTE 24 octobre 1878

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24 octobre 1878

François Lagrange à Alfred de Falloux

Orléans, le 24 octobre 1878

Monsieur le comte,

Ses funérailles1 ont été un triomphe, et notre douleur elle-même n’a pas pu ne pas s’en réjouir. Et puis, on a scellé sa tombe. Et tout est fini avec lui sur la terre. Ou plutôt, non tout va recommencer. Des nouveaux, et plus intimes, et plus saints rapports.

Ma douleur est immense, et pourtant je me sens dans une profonde paix. En somme, je l’ai aimé de toute mon âme, je l’ai aidé de toutes mes forces, j’ai servi de mon mieux avec lui nos grandes causes. Et quant à lui, son grand nom grandira encore.

Une nouvelle phase de ma vie commence. De fidélité et d’affection aussi. En me léguant ses papiers, il me confie le culte et la garde de sa mémoire. Mission que mon cœur s’est imposée, mais qui me devient plus sainte encore.

Je m’y dévoue : effrayé de la grandeur de l’œuvre, confiant dans les conseils et les secours que je demanderais à tous les amis, ce qu’ils ne me refuseront pas.

J’espère, sans polémique aucune, le mettre dans une telle lumière, que la polémique sous peu en soit terminée.

Oh ! Combien je vous désirais, et je m’obstinais à vous espérer hier cher et vénéré Monsieur le comte ! Qui pourra m’aider plus que vous ? Son honneur importe au vôtre ; vous combattiez pour les mêmes causes ; et c’est vous qui l’avez donné à l’église d’Orléans2. Vous voudrez bien m’aider, n’est-ce pas ? Que vous devez avoir sur lui de précieux renseignements !

On m’avait dit qu’aucune parole ne serait prononcée pendant les obsèques ; puis, la veille au soir, sans consulter M. Fedrel3 ni moi, pendant que j’avais couru vers le lit funèbre pour passer une dernière veille auprès de lui, on a décidé le de testament. Je ne connaissait pas ce testament. On me l’avait dit magnifique. Lorsque j’en ai entendu la lecture, j’ai regretté qu’on ait livré aux vulgaire et sceptiques ces sublimes intimités de son âme. Le successeur à qui nous avons demandé que du moins on ne les imprimât pas dans les Annales, doit nous réunir en conseil ce soir pour décider cette question je m’opposerais de toutes mes forces à l’impression de ces pages, écrites sous l’œil de Dieu, et non pas pour le public.

Puisse, cher et vénéré Monsieur le comte, votre santé être meilleur.

Veuillez agréer l’hommage de tous mes respects.

F. Lagrange

P.S. ne craignez pas, cher Monsieur le comte, de prendre l’initiative pour les conseils que dans la situation actuelle vous croiriez utile de me donner

1Celles de Mgr Dupanloup décédé le 11 octobre 1878.

2Félix Dupanloup avait été nommé évêque lorsque Falloux était ministre de l’Instruction Publique et des Cultes sous la Seconde République.

3?


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 octobre 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 23/11/2022