1880 |
31 mai 1880
Adolphe Perraud à Alfred de Falloux
Autun1, 31 mai 1880
Monsieur le comte,
J’ai le grand tort de ne pas vous remercier encore de votre beau livre2 sur l’évêque d’Orléans3. Si j’écoutais la mauvaise logique et le respect humain je me verrais condamné à ne pas dire dans quelle admiration émue je viens de lire votre discours de la rue de Grenelle4. Je mets toute mauvaise honte de côté, et après vous avoir fait mes excuses les plus sincères, je vous demande la permission de vous dire ma profonde joie. Il était temps pour nous d’entendre de nouveau votre parole qui avait tant de droits à l’attention publique sur cette grande question de la liberté religieuse.
Vous vous rappelez certainement, Monsieur le comte, cette visite faite par vous à l’école normale en juin ou juillet 1850.
J’étais un de ces jeunes bénédictins auxquels vous étiez venus apporter les encouragements et la courtoisie de vos séduisantes félicitations. Vous étiez arrivés parmi nous, entouré de toutes les préventions possibles. En nous quittant, vous aviez laissé sous le charme vos plus obstinés contradicteurs.
Ce souvenir d’il y a trente ans ne nous rajeunit pas, Monsieur le comte, ni l’un ni l’autre.
Il nous prouvera du moins que l’évêque a gardé la mémoire fidèle de l’apprenti historien de cette époque.
Permettez-moi de vous redire tous mes vœux pour votre santé et d’y joindre mais hommage et plus respectueux.
Adolphe Louis, évêque d’Autun
Mgr Perraud
1Commune de Saône-et-Loire.
2Falloux venait de publier, L'Évêque d'Orléans [Mgr Dupanloup], Paris, Didier, 1879, 211 p.
4Le 27 mai 1880, Falloux était venu à Paris où il avait prononcé, rue de Grenelle, un important discours dans lequel il faisait part de ses vives inquiétudes sur l'avenir de la religion catholique et fustigeait les menaces pesant sur l’Église.
