CECI n'est pas EXECUTE 29 mai 1883

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29 mai 1883

Henri Perreyve à Alfred de Falloux

Paris, 29 mai 1883

Monsieur le Comte,

Je suis bien honteux de mon silence à votre égard, mais surtout bien honteux de vous dire que, jusqu’à ce jour, il m’a été matériellement impossible de lire le bel ouvrage de Madame Swetchine que vous m’avez fait l’honneur de m’ offrir. Je le réserve pour les deux ou trois premiers jours de campagne que le bon Dieu daignera je pense m’accorder, après une année vraiment laborieuse. Alors je lirai tranquillement, avec le temps de jouir de tant de libertés qui veulent être goûtées dans le silence intérieur, et en dehors de l’agitation de l’esprit.

Je suis très profondément touché, Monsieur que vous ayez eu la pensée de m’offrir ce livre. Combien j’aurais voulu vous voir à Paris ! J’ai fait pour cela de vains efforts, et je n’ai pas même eu le bonheur d’être chez moi quand vous avez daigné venir m’y chercher. Vraiment la vie que la Providence nous fait à Paris est à peine supportable, surtout quand on la subit comme moi très longtemps de suite, et avec des obligations constantes de travail, de retraite, de préparation de cours, discours, prédications, alors, tous les devoirs du saint ministère subsistant d’ailleurs, il devient quelquefois absolument impossible de suivre comme on en sent l’ardent désir, l’attrait des plus précieuses relations, et c’est une peine sous laquelle le cœur succombe sans consolation et sans espérance ! J’ai très profondément ressuscité cette peine à votre endroit, Monsieur, et je me suis promis du moins et permis, la consolation bien imparfaite de vous le faire savoir !

Daignez me pardonner ces plaintes, et agréez l’hommage du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, Monsieur le comte, votre bien aimable serviteur en N.S.

Henri Perreyve


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «29 mai 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 17/12/2022