CECI n'est pas EXECUTE 14 novembre 1885

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14 novembre 1885

A. Jardry à Alfred de Falloux

Paris, le 14 novembre 1885

Monsieur et cher maître,

J’ai le traité de M. Perrin1 depuis vendredi soir et je vous l’aurais envoyé dés hier si depuis une heure de l’après-midi je n’avais été pris sans une minute de relâche jusqu’à sept heures. Je vous le transmets aujourd’hui avec mille regrets de mon retard involontaire de 24 heures. Il est en tout conforme à ce qui a été convenu comme vous pourrez en juger à la lecture.

M. Perrin a vu votre ami du Boulevard St Germain qui a très énergiquement promis de parler de la dernière édition des œuvres de Mme Swetchine dans le prochain numéro du Correspondant. Je dis énergiquement car il s’est excusé sur ses retards et a paru très décidé à s’exécuter tout de suite.

Un siège est fait à la Revue des Deux Mondes et M. Perrin ne néglige rien pour obtenir quelques lignes des Études et Souvenirs2 sur la couverture. C’est difficile, parait-il, mais il fait tout le possible pour vaincre les difficultés.

Rien de décidé pour la date du prochain scrutin3. Vous n’êtes pas seul à désirer se remise au printemps, ce qui permet d’espérer que vous recevrez satisfaction de ce coté. M. Pingard4 fera tout ce qu’il pourra dans ce sens et dés que la date sera définitivement arrêtée, il m’en avisera pour que je vous en avise aussitôt.

Je n’ai pas une ligne de vos Mémoires5 entre les mains et je ne puis croire que vous ayez perdu la seconde copie. Elle n’est évidemment qu’égarée autour de vous si je dois m’en rapporter à ma mémoire d’après laquelle M. André6 m’aurait dit que tout était à l’Impasse des Jacobins7 dans un ordre prescrit par vous. Il est donc impossible que vous n’arriviez pas à retrouver la copie que vous cherchez. Ne pensez vous pas que vous aboutirez plus vite en écrivant à M. André qui vous tirerait certainement d’embarras. Je regrette de ne le pouvoir moi-même tant je voudrais vous épargner la moindre contrariété, le moindre ennui.

Nous ne cessons de rendre des actions de grâces à qui de droit des bonnes nouvelles de votre santé qu’a l’amabilité de nous donner M. Trogan8 à qui nous envoyons nos bien affectueux souvenirs. Je vous félicite chaleureusement de ne pas abandonner votre chère Impasse où vous êtes agréablement installé maintenant. Les déplacements en cette saison sont toujours scabreux et après votre récente indisposition il ne faut pas en abuser même pour répondre à l’appel pressant et aussi tendrement aimable que celui qui vous est adressé de Rochecotte.

Nous ne cessons de penser avec les plus vifs sentiments de gratitude, aux bons soins que nous venons de passer avec vous avec M. de Rességuier, le plus parfait des amis qui a tout à fait conquis ma femme, avec M et Mme de Blois si excellents et si aimables pour vous. Nous ne cessons aussi de parler du Bourg d’Iré, de son édifiante population qui nous laisse toujours dans l’âme de douces et ineffaçables impressions. Riri9 ne tarit pas d’allusions à vos caresses et à vos tendres bontés qui lui resteront j’espère éternellement présentes à son cœur et à son esprit. Il a passé brillamment à la mairie du VIe son premier examen ; c’est de bon augure pour tous ceux hélas ! qu’il aura à passer si Dieu l’appelle définitivement à la mission de soigner un jour ses semblables. Il vous embrasse, Monsieur et cher maître, de toutes ses forces ainsi que sa maman et moi.

P.S. Il serait très important pour M. Perrin de connaître l’importance de votre manuscrit. Comme il est tout entier, si je ne me trompe, de l’écriture de M. André, il nous sera facile de l’évaluer si vous voulez bien, en m’envoyant la première partie de ce manuscrit, me dire le numéro de la dernière page. Au cas où dans le courant du manuscrit il repairait des suppressions d’une certain importance je prierai M. Trogan de m’en donner l’évaluation approximative en pages qui seraient naturellement déduites de vos calculs.

Palmé10 ne connaît pas de brochure sur la Lettera dell Eminentissimé cardinale Pitra.

1Emile Perrin, éditeur du livre de Falloux Etudes et Souvenirs, publié en 1885. C’est aussi cet éditeur qui publiera ses Mémoires d’un royaliste, à titre posthume en 1888.

2Voir note supra.

3Scrutin de l’Académie française.

4Antonius Pingard venait de mourir.

5Mémoires d’un royaliste. Voir note supra.

6Secrétaire de Falloux.

7Domicile de Falloux à Angers où il séjourne de plus en plus souvent depuis la mort de son épouse.

8Trogan, Jean Alexandre Edouard (1861-1934), Critique musical puis journaliste. Il sera rédacteur, puis secrétaire général de rédaction, puis directeur du journal Le Correspondant (1889-1934).

9Son fils Henri Jardry.

10Victor Palmé, éditeur parisien.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 novembre 1885», correspondance-falloux [En ligne], 1885, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 05/01/2023