CECI n'est pas EXECUTE 30 mars 1874

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30 mars 1874

Léopold de Gaillard à Alfred de Falloux

Conseil d’État1, Paris le 30 mars 1874

Cher Monsieur de Falloux

M. Douhaire2 est venu me dire que je vous devais une réponse sur la suite à publier dans le Correspondant de votre vie d’Augustin Cochin. Il va de soi tout d’abord que vous êtes seul juge de l’opportunité qu’il peut y avoir soit à interrompre, soit à donner de file à tous les articles. Mon avis très évident puisqu’il s’inspire à la fois de l’intérêt de l’œuvre et de l’intérêt du recueil, est pour la non interruption. Le public se sent toujours plus ou moins mystifié quand on suspend à long terme un récit commencé et auquel il a pris goût. C’est bien assez du renvoi à quinzaine, surtout pour un travail qui par son seul titre et par le nom de l’auteur, a conquis dès le premier jour tant de sympathies. A votre <mot illisible> pour le parti prendre mais j’espère vivement et je vous demande avec instance de ne pas vous arrêter une seule quinzaine en si bon chemin et en plein succès.

Ce n’est pas sans peine, cher Monsieur, que notre livraison du 25 mars contient la réponse de M. l’abbé Lagrange. Le digne homme a expédié d’Orléans à Douhaire le 23 une dépêche ainsi conçue : opposition formelle à la publication de mon article pour le 25. le lendemain M. Boucher3 m’a porté les raisons de cette brusque décision. L’évêque4 ne voulait pas entendre parler du voisinage de son grand vicaire en une affaire où il est lui-même si personnellement pris à partie. Après une explication assez désagréable pour l’abbé Lagrange, l’interdiction nous a été signifiée. J’ai pris sur moi de passer outre, en chargeant M. Boucher d’aller le 25 au soir s’en expliquer de ma part avec Mgr. C’est H. de Lacombe qui s’est chargé de cette délicate mission ; il m’écrit hier que sauf un assez vif mécontentement au début, notre évêque a reconnu que le recueil ne pouvait agir autrement. C’est donc une affaire terminée du moins de ce côté. Quant à l’Univers, il n’a encore rien dit et surtout rien inséré. On assure qu’il a reçu des remontrances de Rome au sujet de la déplorable lettre du pape dont il a si malhonnêtement abusé. C’est bien le moins que nous devrait M. de Corcelle ! Veuillot vient de se ruer sur le Journal du Loiret qui a dit de cette lettre ce qu’il en fallait dire. Je ne crois donc pas aux reproches venus du papemais je crois qu’on les sent venir. Adieu, Cher Monsieur, je compte aller passer les 10 à 12 jours de vacances à Bollène5. Mais, le 15 avril au plus tard, je serai à mon poste. Veuillez me croire bien sincèrement à vous.

Léopold de Gaillard

 

1Secrétaire de rédaction du Correspondant, L. de Gaillard est par ailleurs conseiller d’état depuis 1872.

2Douhaire, Pierre-Paul (1802-1889), catholique libéral bourguignon, apparenté à Th. Foisset, secrétaire général pendant une trentaine d'années du Correspondant où il assurait notamment la chronique littéraire.

3Boucher Auguste (1837-1910), professeur et journaliste. Collaborateur du Journal du Loiret à partir de 1871, il était entré au Français et au Correspondant en 1875. Installé à Paris, il organisa le bureau de presse du comte de Paris. Peu après le décès de son épouse, il épousa, en 1877, la fille de Léon Lavedan.

5Commune du Vaucluse où réside L. de Gaillard.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «30 mars 1874», correspondance-falloux [En ligne], 1874, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 04/07/2023