CECI n'est pas EXECUTE 15 avril 1885

1885 |

15 avril 1885

Alfred de Falloux à Albert de Rességuier

15 avril 1885

Chers amis,

Mes vœux pour votre bon voyage sont proportionnés au bonheur que vous m’avez apporté ; ils ont été si fervents et si sincères qu’ils seront, j’espère, arrivés jusqu’au bon Dieu et que vous êtes maintenant installés, rue de Poitiers et rue de Lille, avec la satisfaction que l’on goûte toujours après une très bonne et très belle occasion. M. et Mme de Blois1 qui en ont joui comme moi, en parlent bien vivement, et j’attends tout à l’heure une lettre de Cumont qui me dira, j’espère, que ma coquetterie envers le comité ne lui a apporté aucun préjudice. M. André nous assure aussi qu’il regrette beaucoup ses leçons de billard et vous prie bien de n’en faire point un secret à son partenaire. Nous allons aujourd’hui, George2 et moi, chez Mme Lemenceau3 et à l’hospice Swetchine4 où quelques petits travaux ont été exécutés cet hiver en mon absence.

Je prends un plaisir infini dans ce lieu là parce que je crois que Mme Swetchine se plaît à le regarder du haut du ciel et qu’elle m’obtiendra en même temps qu’à tous les bonhommes et à toutes les bonnes femmes une bénédiction qui effacera mes péchés et qui aura effacé les vôtres à tous deux, si vous aviez été de la visite. On a trop vu que vous n’en n’aviez pas besoin.

Dites à Jardry, quand il vous remettra vos billets d’Académie, que je reçois mes épreuves avec une exactitude merveilleuse et qui ne se dément jamais. Mille souvenirs aussi à M. et à Mme Roze, avec mille vœux de les revoir au Bourg d’Iré, où ils ne peuvent être oubliés. Après-demain, samedi, les d’Armaillé5, les André de Mieulle6, Perraudière7 avec sa femme et les Jourdain8, sa fille et son gendre, viennent déjeuner avec les Blois, à qui tout le monde fait un excellent accueil. Tout ce monde là vous envoie un bien sincère regret de vous avoir vu partir si vite. Ceux d’entre eux qui ont vu Paul se joignent moi pour vous répéter et pour faire dire à Berthe9, sans excepter Augustin10, que ce grand et gros garçon est un des mieux faits, des plus plein de charmantes promesses qu’ils aient encore rencontrés. Pour moi, je vous le répète d’un seul mot, en vous embrassant tous les deux avec la plus tendre reconnaissance et avec le plus vif désir du prochain revoir.

Alfred.

Nous avons été hier, George et moi, faire une visite au curé et au vicaire pour panser les plaies, si nous devions en trouver. Il n’y en avait aucune ! Le curé, toujours de très bonnes grâces, n’avait évidemment trahi personne et l’abbé s’est très naturellement joint à lui pour adresser aux partants tous leurs regrets et à vous, en particulier, mille remerciements si vous m’aidez à rattraper M. Mercier. Voici votre lettre qui arrive et je suis désolé de vous avoir coûté une nuit en chemin de fer dites-moi bien que vous n’en avez pas été trop fatigué et joignez à vos compliments sur Paul ceux de toutes les générations de Rochecotte, m’écrit ce matin Mme de Castellane.

Au revoir, au revoir prochain, j’espère.

Alfred.

1Blois Georges Aymar, comte de (1849-1906) neveu de Falloux. Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux, les célèbres étables du Bourg d'Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès. Son épouse, Marie Marguerite Augier de Blois, née de Crémiers (1852-1882).

2Georges de Blois, voir note supra.

3Jean-Baptiste Lemanceau, régisseur du domaine de Falloux ; il présente les bovins des fermes de Falloux aux concours alors nombreux en France.

4Hospice fondé par Falloux en 1864 dans ce qu'il restait de l'ancien château de Segré et avec l'argent que lui procurait la vente de ses ouvrages sur Mme Swetchine.

5Armaillé Louis de la Forest, comte d' (1822-1882), propriétaire foncier demeurant au château de La Douve, au Bourg d'Iré. Marié le 17 mars 1851 avec Célestine Marie Amélie, née de Ségur de Ponchapt (1830-1918).

6André de Mieulle, André Jules Guillaume (1847-1904), propriétaire du château de La Thibaudière à Montreuil-Juigné et son épouse Louise Marie Joséphine Mallac (1862-1923).

7La Perraudière, Joseph de (1832-1917), conseiller général en Maine-et-Loire.

8Jourdain, Charles Marie Gabriel (1817-1886), philosophe catholique. Falloux l’avait appelé pour travailler à ses côtés dans le ministère de l’Instruction publique et des Cultes en 1849. Par la suite, il collabora au journal fondé par Falloux, L’Union de l’Ouest. Il était l'auteur de très nombreux ouvrages sur la philosophie médiévale.

9Berthe Benoist d'Azy (1850-1899), fille cadette d'A. de Rességuier.

10Augustin Rose Ange Benoist d'Azy, baron (1829-1890), son époux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 avril 1885», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1885,mis à jour le : 06/08/2023